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SOCIÉTÉ PROTECTRICE DES ANIMAUX. 55 Chaque animal, dans les classes supérieures, est doué d'un organe semblable destiné à l'émission de la voix, et chaque es- pèce est douée d'une voix caractéristique. Ici, comme dans tou- tes les autres parties de la création, nous pouvons admirer une variété infinie dans l'unité. Cette voix, si variée chez les animaux des différentes espèces, ne sert qu'à exprimer des sensations. L'homme exprime aussi des sensations ; mais seul il peut modi- fier Sa voix pour exprimer des mots d'une variété infinie .- au moyen de sa voix l'homme seul peut exprimer des idées. Dans cette voix articulée que nous adressons aux bêtes, comme si celles-ci étaient aptes à percevoir des idées, elles y comprennent seulement l'intonation et l'expression de nos sensations. Cette faculté d'exprimer des idées, de les transmettre d'individu à individu, de les conserver de génération en génération, est le symbole matériel de la distance qui sépare l'animal de l'homme. Elle est la barrière infranchissable qui ne permet pas à la bête de s'immiscer à la sainte mission de l'humanité (1). De tous les êtres de la nature, les animaux sont les plus voi- sins de l'homme et tous reconnaissent sa supériorité. Son regard, sa voix, sa parole effrayent même les plus féroces, à moins qu'ils ne soient excités par la faim ou par la nécessité de se défendre. Mais parce que nous sommes des êtres supérieurs, parce que les animaux sont au-dessous de nous, avons-nous le droit d'en abuser? devons-nous oublier qu'ils sont comme nous l'œuvre du Créateur. Quoique nous ne l'apercevions pas toujours, ne devons-nous pas respecter le but dans lequel ils ont été associés à l'homme sur la terre ? Dieu nous a fait présent de tous ces animaux ; détériorer, détruire ce présent sans nécessité, le mé- priser, n'est-ce pas outrager celui qui nous en a gratifié ? «' Les animaux utiles sont presque partout ; leur nature les rend propres à vivre dans tous les climats à l'aide de l'homme. On ne peut réussir à faire vivre partout les autre» animaux et surtout les bêtes féroces. La patrie des premiers coïncide avec la (1) Cette vérité est vulgaire. Un paysan qui fait l'éloge d'un animal in- telligent, dit : cette pauvre bête comprend tout ; il ne lui manque que la parole.