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310 LITTÉRATURE. Belgique, et le héros tombe encore pour ne plus se relever. L'enfer triomphe et pousse des cris de joie. Napoléon va, nouveau Prométhée, languir et mourir sur un rocher au milieu de l'Océan, où il voit en songe le retour triomphal de ses cen- dres sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu'il a tant aimé. Tel est le plan de ce poème, plan conforme 'a l'histoire comme cela devait être, mais auquel l'auteur a su mêler des épisodes et certaines fictions grandioses, quoique conformes à la raison, qui frappent agréablement l'esprit du lecteur. Quant à l'exécution de l'ouvrage, elle n'est point irrépro- chable, loin delà , car on remarque dans les vers de grandes inégalités, des enjambements, des répétitions de mots, des rimes inexactes et jusqu'à des défauts de mesure. Mais ce qui rachète bien à mes yeux ce que j'appellerai des vices ma- tériels de poésie, c'est une verve peu commune et une inspi- ration allant quelquefois jusqu'à l'audace ; c'est une entente parfaite du sujet et un style en rapport avec la situation ; c'est, en un mot, un talent d'écrivain souvent à la hauteur de l'entreprise. Avec cela il y a de la ressource et, puisque la beauté de l'ensemble existe, rien ne sera si facile que de faire disparaître quelques taches partielles. "Voici le début du poème : - Je chante ce héros dont le vaste génie Répandit sur la France une gloire infinie, Qui s'immortalisa par mille exploits divers, • Fat grand dans les succès, plus grand dans les revers, Et, longtemps poursuivi par.la haine et l'envie, Sur un rocher brûlant rendit sa noble vie. Messagers du Très-Haut, anges de vérité Qui livrez les grands noms à la postérité, J'implore votre appui pour une œuvre si belle ; Anges, guidez ma, voix et ma plume rebelle ^