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460 LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. ainsi formulée : « Si la Turquie traite jamais avec Charles- Quint, elle ne prendra conseil que de son épée et du roi de France. » Gabriel d'Àramonl, conseiller et maître d'hôtel du roi, éprouvé par sa récente mission et d'ailleurs fort avant dans l'estime de François I er dont il comprenait la haute pensée, était l'homme le plus propre à diriger les affaires de la France en Orient et à maintenir la Porte dans ses dispositions bienveillantes. Il fut nommé ambassadeur au mois de décem- bre 1546. Le cardinal de Tournon qui dirigeait alors les af- faires extérieures, voulut donner à cette ambassade un éclat inusité et, pour mieux en relever l'importance, la fit participer du double caractère d'une mission politique et d'une explora- lion scientifique el littéraire. À part les modestes tentatives dont nous avons déjà parlé, c'est le premier exemple d'une manifestation de ce genre, imitée depuis par tous les souve- rains qui se sont succédé sur le trône de France. Il appar- tenait au monarque restaurateur des lettres de prendre l'ini- tiative d'une telle innovation, et dans ce but on adjoignit à l'ambassade trois savants : Pierre Gilles d'Alby (1), Pierre Bélon du Mans (2) el le baron de Fumel, chargés de recueil- (1) Pierre Gilles (Petrus Gillius), ne' à Aiby en 1490, savant médecin, était chargé de continuer les recherches de Postel et de recueillir des ma- nuscrits. 11 compila pendant son séjour en Orient deux traités intitulés : l'un de Topographie Constantinopoleos et l'autre de Bosp/toro, tirées princi- palement d'un poème de Denys deBysance. Ces deux curieux ouvrages fu- rent d'abord publiés in-4°, en 1561, et ensuite in-12 par les Elzevirs, en 1632. A son retour en France, Pierre Gilles fut pris par des corsaires et ne dut sa liberté qu'aux libéralités de l'ancien évèque de Rhodez, le cardinal d'Armagnac, près duquel il mourut à Rome en 1555. Mais, après la mort de François I er ,Gillius,ne recevant plus aucun secours de son gouvernement, fut obligé pour pouvoir subsister de s'enrôler dans les troupes de Soliman. (2) Pierre Bélon, qui était aussi médecin, a publié ses voyages sous ce titre : Les Observation* des singularités et choses mémorables trouvées en