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BIBLIOGRAPHIE. 237 reformant autour des grands propriétaires ou des couvents ; l'Eglise divisant le soi en paroisses, et les châteaux des con- quérants devenant aussi le centre d'agglomérations nouvelles. Disputées entre plusieurs juridictions ennemies, ces popula- tions finirent par obtenir quelques droits, quelques garanties; mais, pour arriver là , que de souffrances, que de désordres, que de luttes! Nous avons au moins le bonheur de voir, à ces époques malheureuses,l'Eglise prendre l'initiativede la liberté, et par son exemple contraindre les seigneurs laïques à res- pecter et à étendre les droits de leurs serfs. Le chapitre III est l'histoire de la condition personnelle des populations rurales depuis le XIIIe siècle jusqu'au XVIIIe. Il nous fait connaître la position respective des serfs, des mainmortables , et des tenanciers libres, trois grandes classes où rentrent toutes les variétés que le désordre des temps avait dû faire naître. Le servage disparaît enfin et la mainmorte , où jadis un grand nombre d'hommes libres avaient cherché un refuge contre de plus grandes souffrances, sacrifiant volontairement la liberté à la sécurité, la mainmor- te, dis-je, s'adoucit peu à peu et disparait même par voie d'af- franchissement, sous l'influence de causes nombreuses, dont la principale est le progrès de l'opinion publique et des idées religieuses. Le christianisme proclamait l'égalité des hommes devant Dieu; les papes Adrien IV et Alexandre III tiraient la conséquence politique et civile de ce dogme en prêchant l'émancipation ; et de là , au XIIIe siècle des affranchisse- ments en masse, où le motif religieux est souvent exprimé. Après l'homme, la terre. Elle aussi a été longtemps esclave, et le droit de tous à la posséder, c'est à dire la liberté terri- toriale, est une conquête récente. M. Dareste étudie d'abord l'histoire du sol par rapport à ceux qui le cultivent, aux te- nanciers, puis par rapport à ceux qui le possèdent; ce sont les chapitres IV et V. Dans le premier, il passe en revue les di-