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LE GOURGLILLON AU XIIIe SIÈCLE. 407 tendues entre deux bornes, au moyen d'anneaux et de crochets, seraient maintenant enlevées au pas de course et sans la moin- dre difficulté. Les bourgeois ne se Contentèrent pas de tendre des chaînes : ils s'emparèrent des hauteurs de Fourvières, et comme le Gour- guillon était la voie de communication obligée entre la ville et le. cloître de St-Just, ils se retranchèrent vers la recluserie de la Madeleine, située un peu au-dessus de la place de Beauregard. Us y construisirent un véritable fort surmonté d'une tour, ainsi que nous l'apprenons par la sentence du concile de Belleville : domum guemdam orationis , reclusorio perpétua guondam à sanctis patribus archiepiscopibus lugdunensibus deputatam, et in honorera sanctœ Magdalenœ dedicatam, speluncam latro- num fecerunt, superœdificantes turrim et confidentes ibi cus- todes armigeros, qui quotidie et publiée spoliant transeuntes. — D'une maison de prières, destinée par nos saints archevê- ques de Lyon à une recluserie perpétuelle, et dédiée à sainte Marie-Madeleine, ils ont fait une caverne de voleurs, en y construisant une tour et y logeant des hommes armés, qui quotidiennement et publiquement dépouillent les passants. (Le P. Ménestrier. De bellis et induciis). Au XIIIe siècle, les partis politiques ne se ménageaient pas plus dans leurs discours que de notre temps. Chacun voyait, comme à présent, une paille dans l'œil de son voisin, quand il avait une poutre dans le sien. Les bourgeois ne gardaient pas bouche close, et ils renvoyaient à leurs adversaires un latin non moins accablant, dans un Mémoire adressé au roi et, au légat du pape : multos homines de civibus Lugduni fcano- nicij mlneraverunt et occiderunt citrà et intrà civitatem, et multa damna enormia fecerunt et intulerunt eisdem. — Les chanoines ont blessé et tué beaucoup d'hommes parmi les ci- toyens de Lyon, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la ville et leur ont jait éprouver des pertes énormes. Suit l'exposé des nombreux méfaits des chanoines racontés dans tous leurs dé- tails. Les bourgeois se représentaient comme de malheureuses victimes, forcées d'user du droit de légitime défense, et inca--