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408 LE GOIJRGUILLOS AT] XIIIe SIÈCLE. pables de faire le moindre mal. Nous verrons cependant ces agneaux commettre des atrocités abominables. Les pièces latines, dont je viens de citer quelques fragments, sont extrêmement curieuses : ce sont des Mémoires présentés par les intéressés aux différents médiateurs qui cherchent à ar- ranger pacifiquement ces difficiles affaires. On y remarque les mêmes passions de notre époque, la même injustice à l'égard des hommes et des choses, et la même inconséquence après des reproches mutuels et mérités. L'état de guerre entre le chapitre et les habitants de Lyon dura longtemps. Le fort de la Madeleine fut souvent pris et repris, avec grande effusion de sang, car on se massacrait im- pitoyablement. Le peuple attaqua aussi plusieurs fois, mais inutilement, le cloître de St-Just, parfaitement fortifié et défendu par des soldats aguerris. En 1269, une trêve ménagée par l'intermédiaire de saint Louis mit fin momentanément à cet état de choses. Un acte impor- tant plaça entre les mains du roi l'administration de la justice, donna ainsi aux habitants une première satisfaction, et institua pour la couronne de France un droit de souveraineté sur la ville de Lyon. Mais Louis IX était parti pour l'expédition de Tunis, dont on connaît la déplorable issue. Son absence causa de nouveaux troubles. Le Chapitre, toujours retranché dans le cloître de St-Just, assembla secrètement des troupes, et lors- qu'il crut le moment opportun, il recommença la guerre, en at- taquant inopinément le fort du Gourguillon. Beaucoup de bour- geois , surpris probablement par cette agression inattendue, périrent victimes de la trahison des chanoines. Cette rupture de la trêve ranima entre les partis une haine qui n'était qu'assoupie. Les citoyens se levèrent en masse, et allè- rent donner l'assaut au cloître de St-Just, qui résista à une impétuosité mal conduite. Les habitants de Lyon sentant le besoin d'une bonne direction centralisèrent le commandement dans la personne du seigneur Humbert de la Tour, militaire dis- tingué de cette époque. On se porta de nouveau à St-Just. Plu- sieurs fois on essaya d'emporter le cloître , mais toujours sans