Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  LE GOURGUILLON AU XIII e SIÈCLE.                         405

obéissance au pape. C'est l'histoire passée et présente de tous les
partis, qui peuvent mutuellement s'accuser des mêmes inconsé-
quences, et se prévaloir des antécédents de leurs adversaires.
   Innocent IV se montra très-reconnaissant envers les chanoi-
nes de St-Just de l'hospitalité qu'il en avait reçue. 11 leur ac-
corda de grands privilèges et leur fit présent d'une rose d'or, que
l'on montrait au peuple, le dimanche de la Passion (1). Labasi*
lique des Macchabées ayant besoin de grandes réparations, le
pape y consacra des sommes importantes, et par plusieurs bul-
les il accorda des indulgences à ceux qui concoururent à cette
œuvre. Ce fut également à lui que l'on dut l'entreprise de la
construction du pont de la Guillotière (2).

   (1) La rose d'or disparut à l'époque du sac de St-Just, en 1562. Elle était
ornée d'une cornaline antique , sur laquelle on remarquait gravée, dit-on,
une tête d'Hercule. Le P. Colonia prétend qu'on y voyait le portrait du
pape ; mais cette opinion peut difficilement se soutenir , car on n'eût pro-
bablement pas trouvé, au XIII e siècle, des artistes, graveurs sur pierre dure,
capables de faire un portrait approchant de la perfection antique.
   (2) Dans la plus haute antiquité, la difficulté de la construction des
ponts et leur utilité avaient fait regarder ces entreprises comme chose
sainte. Les ponts étaient mis sous la sauve-garde de la religion. Delà les
prêtres prirent le nom de pontifices, fabricateurs de ponts.
   En effet, ils étaient chargés de la surveillance de ces monuments d'utilité
publique. Dans le moyen âge, cette difficulté existait également, et la con-
struction d'un pont nouveau était regardé comme une merveille. Ainsi,
nous trouvons une multitude de légendes à ce sujet: Le pape Innocent IV,
accordant des indulgences à ceux qui contribuaient, par des dons pécu-
niaires , à bâtir le pont de la Guillotière, faisait un noble emploi de sa
puissance spirituelle. Il me semble que la reconnaissance des habitants de
Lyon lui devrait le souvenir d'une statue, d'autant que notre époque n'est
pas avare de ces sortes de monuments.
   Saint Bénezet institua une confrérie pour la fabrication des ponts , et
il construisit celui d'Avignon. Dans le même temps, ses disciples élevèrent
le magnifique pont du Saint-Esprit, que le progrès matériel, insensible à
tout ce qui est art, poésie et souvenirs , s'occupe à mutiler, sous un pré-
texte utilitaire.