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324                       BIBLIOGRAPHIE.
leur rendre toute justice et reconnaître sans prévention les mé-
rites qu'ils possèdent réellement.
    « La poésie est plus vraie que l'histoire » a dit avec raison
Aristote. Ce n'est donc pas dans ses historiens, dont les récits
sont souvent des produits de leur imagination, mais dans les
chants de ses poètes qu'il faut étudier la Grèce. Ses deux épopées
nous révèlent déjà les deux faces principales de sa jeunesse :
 VIliade nous peint ses mœurs héroïques, comme VOdyssée ses
mœurs domestiques. Ce qui fait la grandeur d'Homère, c'est
cette admirable impartialité de son génie qui nous raconte tout,
qui décrit tout, sans point de vue systématique, et sans viser à
l'exaltation exclusive d'une seule race , comme les poèmes
d'Ossian qui appartiennent pourtant à la même phase littéraire.
11 regarde autour de lui, et, sensible à toutes les impressions
de la nature comme à tous les sentiments de l'humanité, il
chante ce qu'il a vu librement et sans parti pris. Après lui vient
le théâtre grec. Le drame , c'est l'histoire nationale condensée
 dans un fait ; c'est toute la vie d'un peuple représentée dans l'é-
vénement qui explique le mieux son génie. La Grèce est tout
entière dans cette trinité dramatique, appelée Eschyle, Sophocle,
Euripide ; elle respire dans chacun des héros de ces poètes : c'est
chaque face de son caractère personnifiée et ramenée à un point
saisissable. Une seule pensée semble la dominer, c'est la divini-
sation de l'homme : elle s'empare tour à tour de ses plus hautes
facultés, de ses plus nobles instincts, pour les idéaliser et en faire
autant de types modèles ! A cela se joint l'action continue de la
Providence qui fait le fond de toutes ses tragédies , et qui en-
toure de merveilleux tous les actes de la vie humaine. C'est
ainsi que tous ses héros sont de tradition, et ses caractères in-
variables, sans qu'elle permette jamais au caprice du poète d'al-
térer en rien leur stabilité. Andromaque est le type immortel
de l'épouse et de la mère ; Antigone, celui de la fille ; Electre,
celui de la sœur, et Œdipe enfin l'emblème de la fatalité et en
même temps de lajustice qui doit, en définitive, triompher à tout
prix, même par la main vengeresse de la Némésis. Cette immo-
bilité des caractères est un des mérites les plus beaux de la lit-