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            LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT.               297

 nos intérêts commerciaux sur le littoral delà Méditerranée.
Au lieu de s'étudier à supplanter la France comme elle l'avait
fait jusque là , il lui fallait désormais attacher sa fortune à
celle de sa rivale et s'abriter sous son égide dans les occasions
trop fréquentes où la Turquie intéressée à se débarrasser d'un
voisinage incommode reprendrait à son encontre une attitude
hostile.
   Malgré ses tentatives d'union et de pacification générales,
François I er était loin, comme on le voit , d'avoir déserté
les premiers errements de sa politique , dont l'action persé-
vérante servait à souhait les intérêts de sa couronne ; mais
Charles-Quint, tout aussi clairvoyant, ne devait pas se laisser
prendre longtemps au piège qui lui était tendu. L'alliance
des deux rivaux ne pouvait avoir qu'une durée éphémère.
Tout le monde était persuadé que la première occasion amè-
nerait un refroidissement entr'eux lorsque l'ouverture ino-
pinée de la succession de Hongrie confirma l'idée générale en
donnant carrière à de nouvelles prétentions. Inflexible dans sa
politique, dont le but n'était rien moins que l'incorporation de
la Hongrie à son Empire, Soliman poursuivit la ligne de con-
duite qu'il s'était (racée , et Rincon profila habilement de
cetle ambition pour faire entrer la Turquie plus avant dans
la voie de l'alliance française. Les débats ne roulèrent que
sur les moyens d'occuper l'Empereur au midi de l'Europe et
dans la Méditerranée , afin de laisser le champ libre sur les
autres points. Sur les instances de Soliman , l'ambassadeur
français porta lui-même , et sans perdre de temps, à son
maître, les conditions stipulées. II devait faire diligence et
rapporter en personne la ratification du Roi avec l'assurance
d'un concours dans la crise qui allait éclater. Le 17 novembre
1540 , il fut admis à l'audience de congé en présence seule-
ment de Joanès-Bey , qui servait d'interprète , par crainte
des indiscrétions d'un Trucheman. Joanès-Bey reçut à cette