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260                      HYMNE A LA NUIT.

       Quand tu mènes au ciel le chœur de tes étoiles,
       Dont les rayons d'argent neigent sur les près verts,
       O reine des songeurs, dans les plis de tes voiles,
      Le poète inspiré cueille ses plus beaux vers.

      Tous mes chants te sont dus, vierge aux cheveux d'ébène;
      Mon âme est une lyre endormie et sans voix ,
      Ses cordes n'ont jamais frémi qu'à ton haleine,
      Ses accords n'ont vibré, Muse, que sous tes doigts.


      Mes aspirations, mes angoisses secrètes,
      Mes désespoirs, mes vœux, mes larmes, mes tourments,
      Je te les ai contés ; tu calmes mes tempêtes,
      En y mêlant tes pleurs et tes apaisements.


      O Nuit, que maintenant je bénis et j'appelle,
      Comme un cri de douleur cet hymne commencé
      T'accusait de mes maux et te nommait cruelle ;
      Pardonne, je souffrais et j'étais insensé !...


      Qu'importe l'insomnie au cœur qui se sent vivre.
      Pour le bétail humain réserve tes pavots ;
  O Nuit, c'est aux clartés de sa lampe de cuivre
      Que le pâle songeur accomplit ses travaux.


  C'est là, devant sa table et les yeux aux étoiles,
  Tandis qu'à ses rideaux joue et tremble le vent.
  Qu'audacieux Colomb, il déchire les voiles
  De ces mondes cachés qu'il a vus en rêvant.