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234 BIBLIOGRAPHIE vailleurs solitaires, à s'épuiser vainement sur un terrain suffi- samment exploré, et de refaire pour leur compte des dé- couvertes qui appartiennent déjà à d'autres. Le choix de l'In- stitut leur est garant de la nouveauté et de l'opportunité de leur sujet, double point très-important toujours, mais surtout à une époque où la voie de la science est si encombrée, et où le public s'intéresse si peu aux livres qui ne viennent pas à propos. Sous ce rapport, personne n'a été plus heureux que M. Da- reste. Le titre de son Mémoire, qui est devenu un beau livre, attire les yeux même des indifférents, et pourtant ce n'est que la question mise au concours. Mais on pourrait dire que cette question est à l'ordre du jour, tant elle répond bien à la pré- occupation du moment. Il y a déjà quelque temps que l'his- toire n'étudie plus seulement les événements politiques ; elle voit dans le passé autre chose que des guerres, des traités, des mariages de princes, et son attention ne se concentre plus ex- clusivement sur les dynasties souveraines et les classes diri- geantes de la société. Elle s'inquiète de ce qui est le vrai corps de la nation, de ces classes laborieuses si peu connues jusqu'ici et si dignes de l'être. On approfondit leurs origines, on étudie les conditions de leur existence aux diverses époques, les chan- gements qui se sont produits dans leur situation matérielle et morale sous l'influence de la politique et de la législation. Outre l'intérêt historique de cette étude, une science hu- maine et chrétienne espère trouver dans ce passé des ren- seignements utiles pour l'avenir, y apprendre quelles causes influent sur le bien-être et le développement intellectuel des peuples, sur leur bonheur et leur vertu. Mais peut-être, entre ces classes vouées au travail matériel, s'est-on trop exclusive- ment occupé jusqu'ici des ouvriers de l'industrie et des villes. Nous vivons plus près d'eux ; leurs souffrances, qu'ils suppor- tent plus impatiemment, nous frappent davantage ; enfin, ils