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                        BIBLIOGRAPHIE.                        235

ont quelquefois pris la parole , et très-bruyamment, pour
appeler sur eux l'attention publique. Par là, ils l'ont accaparée
au détriment de la classe non moins intéressante et bien plus
nombreuse qui cultive le sol. La science a presque entièrement
négligé les campagnes, au point que leur histoire est un sujet
tout neuf, dont la grande difficulté consiste même en ce qu'il
y a tout à faire, tant les documents sont rares et épars.
   On commence à revenir de cet oubli. Des causes diverses
ont attiré les regards, soit de la science, soit du public, sur les
populations agricoles. Aux crises industrielles ont succédé, à
plusieurs reprises, depuis quelques années, des crises de sub-
sistances bien plus terribles par l'étendue de leurs effets. L'é-
conomie en a recherché les causes; elle s'est inquiétée de la
dépopulation des campagnes, de cette fièvre qui pousse les
paysans à quitter leurs paisibles travaux pour venir chercher
dans les villes des salaires plus élevés, mais moins sûrs. Les lé-
gislateurs et l'État ont dû s'occuper de ces nouveaux dangers :
maintenant même ils essaient, par de vastes institutions de
crédit foncier, de remédier à cette plaie si longtemps incon-
nue des hypothèques'qui grèvent le sol. Meis ce n'est là qu'un
palliatif; beaucoup pensent que le mal vient de plus loin.
Une statistique pessimiste s'est même demandée si l'agricul-
ture, cette mamelle de la France, comme disait Sully, ne
s'était pas appauvrie de nos jours ; si la terre de notre patrie
n'était pas épuisée, et sur la pente de cette stérilité à laquelle
sont vouées aujourd'hui, par suite de diverses causes, tant
d'autres contrées jadis fertiles. Bref, l'attention universelle est
fort éveillée sur toutes ces questions auxquelles se relient de
si graves intérêts. Et comme le présent tient toujours au passé,
l'Académie des sciences morales et politiques ne pouvait met-
tre au concours de question plus opportune que VHistoire des
classes agricoles.
  Nous n'avons point à juger le livre de M. Dareste ; l'Insli-