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LA VILLE DE PAU. 203 de s'adresser à un chevalier de Moncade, dont ils avaient entendu parler avec éloge ; ils devaient lui demander l'un de ses fils jumeaux pour les gouverner. A l'arrivée des députés, les deux fils du chevalier étaient couchés et plongés dans le sommeil. Les Béarnais remarquèrent que l'un d'eux avait les mains fermées, et son frère, les mains ouvertes; Ils n'hésitèrent pas à choisir le dernier, et, dans la suite, ils eu- rent lieu de s'applaudir de leur choix. Gaston à la main ouverte fut bon et libéral, tandis que son frère, Guillaume Raymond à la main fermée, qui lui succéda, se montra cruel et se souilla par un assassinat sur la personne d'un véné- rable archevêque. Après Gaslon-Phèbus , l'un des plus remarquables de ses successeurs fut Henri II de Navarre, époux de la célèbre Marguerite de Valois et grand-père de Henry IV, qu'il reçut dans ses bras au moment de sa naissance. La mémoire de ce prince chevaleresque est encore en vénération dans le pays qu'il a gouverné en père, et qu'il a doté de la culture du maïs, source de richesse et de bien-être pour les habilanls. Toujours fidèle à l'alliance de la France, il ne craignit pas d'exposer sa vie et ses états en combattant contre l'Espagne, alors toute puissante, et dont le redoutable voisinage l'expo- sait aux premiers coups de l'ennemi. Il ne se lassa jamais de réclamer son royaume de Navarre, dont Ferdinand-le-Catho- lique s'était emparé en 1515. Il épousa, en 1527, Margue- rite, sœur de François 1 er et veuve du duc d'Alençon, Celle princesse, que les poètes de son temps ont nommée la qua- trième Grâce et la dixième Muse, nous a laissé un recueil de contes qu'elle a intitulé YHeptamêron. Elle se montra toujours prolectrice zélée des hommes de lettres, et c'est auprès d'elle que Marol, obligé de fuir la France, vint cher- cher un refuge. Enfin, sa réputation a jeté un si vif éclat, qu'elle a presque éclipsé son mari qui, pourtant, fut l'un des