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162          LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT.

personne. Toutefois je m'en fus à Naples où je pris des mari
 niers qui me conduisirent en trois jours. La, étant près
de Reggio, j'appris qu'un bâtiment turc s'y trouvoit; sur
ce, je feignis d'être si malade qu'il me devenait indispensable
d'aller à Reggio. Peu après, ayant aperçu 'ledit bâtiment,
nous sautâmes à terre el quand tous furent descendus, j'appe-
lai le capitaine qui par bonheur se (rouvoit ami de Barberousse,
et à force de prières et promesses me transporta vers Modon :
arrivé là, j'appris que l'armée éloit partie depuis trois jours el
incontinent je retournai vers la Pouille pour la retrouver. Le
jour même, nous eûmes si bon vent que nous fûmes trans-
portés en Barbarie à un lieu nommé Galibie. De la, je trou-
vai moyen de me rendre à la Gerbe où je trouvai une galère
qui me porta incontinent vers l'armée que je rejoignis le pre-
mier jour de septembre, a son retour de la Pouille. Barbe-
rousse, après m'avoir écouté, tint conseil s'il devoil retour-
ner; mais Voyant qu'il n'avoit que trente six voiles me pria de
l'excuser près du roi et de venir à Conslanlinople voir les
préparatifs pour l'armée qui vient; ce que je lui accordai afin
de remplir ma mission complètement. Pendant tout le trajet,
il m'a traité aussi honorablemeni que possible el j'ai pu voir
à Gallipoli soixante-quinze galères, à Gamar en Asie trente-
cinq, plus loin vingl-cinq, à Conslanlinople cent-vingt; en la
mer Majeure el ailleurs, il y en a cent-soixante. M. de LaForesl
 m'ordonna de retourner par mer ; mais si j'avoispu agir en plei-
 ne liberté, j'eusse pris la voie de terre. Je suis resté trois mois
 en mer sur un navire qui, après avoir été ballu, je ne sais com-
 bien de jours par les tempêtes, a fait naufrage près de Raguse,
 sans toutefois perdre personne. Delà, je suis venu à Àncône et à
 Rome pour ne pas éveiller les soupçons du Pape, el, pour celte
 même raison,Mgr le cardinal deMâcon n'apasvoulum'envoyer
 à la cour et a préféré attendre quelques jours.Cependant il m'a
 recommandé d'écrire ceci à voire révérendissime Seigneurie.»