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ET AU LAC MAJEUR. 141 lors d'un festin offert à l'Empereur sous ces voûtes, les valets, après chaque service, jetaient dans les eaux du lac les plats d'argent et de vermeil ; non pas que l'Amphitryon voulût perdre à jamais ces trésors, mais il montrait ainsi que ses buffets étaient assez riches pour desservir une table nombreuse, sans que les mêmes pièces y parussent jamais deux fois, et le soir, des filets habilement disposés rendaient toute cette vaisselle à son fastueux possesseur. Remontant aux étages supérieurs du château, nous sortons et trouvons un escalier immense qui se dresse devant nous, et, à travers une double allée de lauriers-roses, semble devoir nous porter jusqu'au ciel : au milieu se dresse un château-d'eau circulaire surchargé d'une triple galerie à colonnettes qu'or- nent à profusion, conques,fleurs,Tritons et arabesques indes- criptibles ; puis, sur le fronton, un cheval s'élance comme pour se précipiter dans l'espace, tandis que son jeune cavalier, le contenant à peine, brandit une menaçante épée. Tournant ce monument où brille plus de hardiesse que de goût, mais d'un eflet étrange, nous montons sur la vaste plate-forme qu'en- toure une balustrade alternativement coupée de vases et de statues, et d'où l'on jouit d'un coup-d'œil aussi difficile à dé- crire qu'à oublier. C'est ici, ma chère sœur, le point culminant de dix terrasses qui descendent, en s'élargtesanl toujours, jusqu'au lac dans lequel elles finissent par perdre leur immense quadrilatère. Nous les parcourons toutes, mais deux seulement mérilentune mention spéciale; ce sont les dernières et les plus grandes : l'une se recommande par sa galerie de rocailles , reproduc- tion moins délicate du palais d'été, par un bosquet d'orangers et une magnifique salle d'ombrage formée de quarante-huit énormes magnolias. L'autre, de beaucoup la plus étendue, fait le tour de l'île entière ; ses galeries creusées dans le roc , ses grottes remplies d'aloës et de lierres gigantesques, n'offrent