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                        ET AD LAC MAJEUR.                        131

  mets d'Uri, dont lesflancsravinés conservent, en sillons de rui-
  nes et de mort, les traces de l'avalanche et de la foudre, dont
  les crêtes brillent des mille arêtes de leurs glaciers élincelants,
  ces eaux calmes et transparentes reflètent à chaque pas un mo-
  nument d'héroïsme et de victoire...; là, au pied de la mon-
  tagne, ce petit mamelon verdoyant posé en saillie sur le ro-
  cher, c'est le Grully ; à gauche, ce toit modeste soutenu par
  deux colonnes, et qu'à peine on aperçoit à travers le feuillage,
  c'est la chapelle de Guillaume Tell; c'est là que, secondé
  par la tempête,le héros, immolant Gessler, vengeait un dou-
  ble parricide.... à Fluden , nous quittons le lac, mais non
  pas les souvenirs ; car, celte petite ville où nous emporte
  notre rapide voilure, c'est Àltorf.... celte fontaine sur laquelle
  s'élève un archer bandanl son arbalète, c'est la place môme
  où Tell osa confier à son adresse la vie de son fils;.... un peu
  plus loin, ce guerrier au geste impérieux et menaçant, c'est
  Gessler, debout entre ses deux victimes; enfin, au pied d'une
  tour carrée dont les murs retracent, en fresques grossières,
  ce glorieux et lamentable épisode, celte colonne de pierre
  d'où pend, au bout d'une chaîne, un collier de fer, c'est le
  poteau auquel on avait lié Jemmy, moins intrépide qu'à l'O-
- péra. Ce n'est pas sans une vive émotion que nous revoyons
  debout tous les instruments d'un tel drame: histoire ou lé-
  gende, que m'importe ! elle avait fait un peuple libre, ver-
  tueux et grand, je ne lui en demande pas davantage; pour
  nous débarrasser du bagage de nos croyances, de nos supers-
  titions, si vous voulez, qu'a-l-on fait de nous? et à quel
  squelette hideux et décharné ne nous a-t-on pas réduits !
    Bientôt, nous arrivons au petit hameau d'Amsteg que nous
  quittons, après y avoir réparé nos forces; vraiment, ce n'était
  pas de trop pour entreprendre l'éternelle ascension du St-Go-
  thard ; tout d'abord, il est vrai, nous parcourons les plus ad-
  mirables contrées: jamais votre œil n'a rien vu, ni votre esprit