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Ô6                SOCIÉTÉ PROTECTRICE DES ANIMAUX.
patrie de l'homme; le chien, le bœuf, l'âne, le cheval, le mouton,
la chèvre, le cochon, le chat, sont à l'état sauvage dans cette
partie de l'Asie regardée comme la patrie première de l'homme;
même le chameau et le renne. Ils sont ici et non ailleurs les
compatriotes de l'homme. Les changements qui se remarquent
chez l'homme dans les différents climats, se remarquent aussi
chez les animaux (1). >    .
    Cette vérité n'avait pas échappé au graudBuffon. Si, d'un côté,
l'homme, par sa puissance, par son intelligence, modifie le corps
et l'instinct des animaux; de l'autre, le règne animal exerce aussi
une grande influence sur l'espèce humaine. Non seulement il
lui fournit des aliments qui modifient le physique et peut-être
le moral de l'homme, mais aussi une foule d'objets dont l'homme
fait usage. Les animaux domestiques, surtout, exercent une
grande influence par leur force musculaire, par leur nombre,
par leurs rapports continuels avec l'homme. Après avoir com-
posé sa nourriture de fruits, d'insectes et de eoquillages,
l'homme devient pécheur et chasseur sans chiens. Plus tard il
est chasseur et berger à l'aide d'animaux apprivoisés. Quand il
devient agriculteur et ensuite industriel, c'est encore avec l'aide
de ces mêmes animaux. Sans leur secours, il ne passerait pas
aussi facilement par ces différents degrés de civilisation. Aussi
haut que l'histoire peut remonter, nous trouvons l'homme maî-
trisant déjà l'éléphant, le bœuf, le cheval, le mouton, là chèvre,
le chien, etc. En Amérique, les aborigènes étaient dépourvus de
 tous ces grands animaux susceptibles de s'associer à l'homme ;
ils n'avaient que le lama, animal d'un bien faible secours. Ces
 hommes devaient donc avec le seul travail de leurs bras, passer
 d'un seul bond de l'état de peuple chasseur, à celui de peuple
 agriculteur et industriel. Une transition aussi brusque était diffi-
 cile; était-elle même possible? On peut présumer que, lors de
 la découverte du Nouveau-Monde, les Américains eussent été
 plus avancés en civilisation, s'ils avaient eu des animaux domes-
 tiques. Le cheval les aurait peut-être mis à même de résister à
 l'envahissement des Espagnols.

     (1) Buffon, Histoire générale de la nature, 3 e partie.