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LA fiIPLOMATlE FRANÇAISE EN ORIENT. 3! au front le signe indicateur de la main de Dieu, prête à s'ap- pesantir sur elles. Des défaites avaient depuis quelque temps succédé aux pre- miers succès de François I e r , en Italie , lorsque le désastre de Pavie vint achever de plonger la France dans la désola- tion. Le roi était prisonnier et ses étals à la merci de Charles- Quint. C'est alors que du fond de sa prison l'infortuné mo- narque , qui avait tout perdu fors l'honneur, se reprit à méditer son ancien projet d'alliance avec le Sultan , concep- tion sublime qui devait sauver le trône et la France, en tenant Charles-Quint constamment en alarmes même au plus fort de sa prospérité , et qui se légitimait, d'ailleurs, au point de vue religieux par la conduite de Sélim I er , qu'on avait vu sur les instances d'un émissaire espagnol, garantir le culte des chrétiens en Palestine, et leur laisser bâtir des églises en bois. A l'insçu de ses geôliers, François trouva moyen d'expédier, au nom de sa mère Louise d'Angoulême, un agent secret chargé d'intéresser le Grand-Seigneur à ses infortunes; mais cet agent, dont le nom est resté un mystère, ne parvint pas au terme de .sa mission et périt assassiné en traversant la Bosnie, ainsi que ceux qui l'accompagnaient et au nombre desquels se trouvait le bâtard de Chypre. Néanmoins, le ha- sard permit que les lettres et les présents, dont il était por- teur, parvinssent à Soliman (1). Ce prince, disposé à se laisser aller aux idées généreuses et chevaleresques, ne se sentit pas indifférent à la cause du monarque français. Cette cause, d'ailleurs, n'avait-elle pas une remarquable coïncidence d'in- térêts avec la sienne ? Ne serait-ce point pour la Porte une (1) Ces présents consistaient en un rubis de grande valeur, une ceinture d'or, deux candélabres d'or estimés dix mille ducats, et un harnais de cheval de deux mille ducats.