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30          LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT.

tion de son compétiteur lui eût donné la crainte d'un redou-
blement d'ambition chez le nouvel élu. Commejpour le
confirmer dans cette appréhension, la mort de Léon X vint
permettre a Charles-Quint de faire élever, en 1521, au pon-
tificat, Adrien VI, son ami, et de réduire ainsi à néant les
dernières espérances que son rival aurait pu fonder sur l'appui
du saint Siège.
    Néanmoins, les préoccupations furent ramenées de force
vers l'Orient, par l'anxiété qui s'empara de toute l'Europe à
la nouvelle de la prise de Rhodes, où une poignée de cheva-
liers avait résisté pendant six mois à une armée de deux
cent mille Ottomans. Trop occupés de leurs affaires inté-
rieures, les princes chrétiens s'étaient vus dans l'impuissance
de proléger ce dernier boulevard de la chrétienté, et tout
portait à croire que le vainqueur profiterait de la panique
générale pour pénétrer jusqu'en Italie. Ce vainqueur était
Soliman I I , dit le Magnifique , qui avait succédé à son père
Sélim, le 22 septembre 1520, héritant d'un empire agrandi
par de précieuses acquisitions territoriales. A peine sur le
trône, il se manifestait an monde par deux victoires, la prise
de Belgrade, en 1521, et celle de Rhodes, en 1522, etse posait
déjà comme l'arbitre des destinées de l'Europe. Tel était le ré-
sultat des prédications du schisme qui, en paralysant les forces
delà chrétienté, l'avaient livrée sans défense au torrent dé-
vastateur. Pour la seconde fois, les Turcs, à la faveur de nos
disputes religieuses, se frayaient un passage en Europe ; la
lâcheté des rhéteurs leur avait ouvert les portes de Constan-
 tinople, en 1453, et les querelles de la réforme venaient de
 laisser tomber sans secours les remparts de Rhodes. Tant il
est vrai que les nations, lorsqu'elles en viennent à consumer
 leur énergie et leur vitalité dans les luttes oratoires, portent