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la cavalerie arabe s'étant tenue éloignée pour ne pas se trouver sur
un terrain tout-à -fait découvert en face de notre artillerie.
Nous avions perdu quelques hommes, plusieurs étaient blessés ;
mais l'ennemi n'avait pu nous entamer, et ses pertes avaient dû être
considérables. Toutefois son éloignement n'était point définitif; quel-
ques circonstances annonçaient, au contraire, qu'il reviendrait
promptement à la charge. Il s'était arrêté plus près de nous que les
jours précédents ; entourés de ses innombrables feux de bivouac, nous
pouvions distinguer les nouveaux renforts qui lui arrivaient. 11 était
donc évident que tout se préparait pour une grande et complète at-
taque ; et quoiqu'il ne soit point, je l'ai dit, dans les habitudes des
Arabes de se battre après le coucher du soleil, il n'était pas moins
prudent de se tenir en garde contre une affaire nocturne. Ils la ten •
tèrent, mais sur un seul point, et ils furent vertement repousses.
Le 23 devait être leur grand jour de bataille ; toutes leurs forces
étaient réunies, et l'on savait positivement que le bey était à leur
tête.
Le 23 donc, à la pointe du jour, les cavaliers arabes engagèrent le
combat avec nos postes; le général Rhulières et le commandant Ma-
léchard parcouraient les rangs!... Us reconnurent bientôt que l'ennemi
était bien plus nombreux que la veille , et ses mouvements mieux di-
rigés. Les premiers rayons du soleil éclairèrent une masse compacte
d'infanterie soutenue par une cavalerie immense. Les Arabes avaient
incontestablement sur nous l'avantage numérique, mais nous avions
sur eux l'avantage du canon et l'entente de la guerre.
Pendant que l'infanterie tirait sur toute la ligne de nos fortifications,
Achmet portait ses meilleures troupes contre les positions déjà atta-
quées la veille, et surtout contre ce mamelon que nos artilleurs avaient
si bien défendu, sorte de poste avancé qui protégeait tous nos tra-
vaux, et dont Achmet, qui en sentait l'importance, ordonna plusieurs
fois l'assaut. Mais Maléchard avait fait construire pendant la nuit
une petite fortification, derrière laquelle les pièces étaient masquées
de telle sorte que les artilleurs, ainsi abrités, ont perdu beaucoup
moins de monde, et fait beaucoup plus de mal à l'ennemi.'
Repoussés sur tous les points eî considérablement affaiblis, les
Arabes se sont enfin décidés à battre en retraite ; après avoir donné