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selles, à qui j'ai bonne nouvelle à annoncer, car je suis le
messagier de bonheur pour toute la bonne ville de Lyon ;
c'est que par les soins du seigneur de Botyères, natif du
Dauphiné, on a saisi hier à mon passage, à Mesieux, trois
petites lieues d'ici, un malfaiteur de la Rubayne, lequel avait
sur lui pour 600 francs ou plus de testons, qu'il dit avoir pris
chez l'ancien épicier, échevin de la ville.
— Le vieillard sourit, passa outre avec ses deux filles et
Bon-temps continua à émerveiller la foule qui l'entourait,
autant par l'abondance de sa verve que par celle de ses pièces
de pâtisserie.
— Père, avez-vous entendu, dit l'une des deux filles d'Imbert
Gimbrer
— Dieu soit loué ! je mourrai content.
— Ainsi, père, ne serez plus triste maintenant, ajoutèrent
au m ê m e moment les deux damoiselles.
•—Le temps de la joie n'est-il pas venu avec le temps de
la paix, répondit le vieillard?
Le soir approchait. Le banquet que les Flamands avaient
organisé au quartier du Change, banquet qui se fit distinguer
par la rareté des m e t s , la finesse des vins et auquel tout
passant quel qu'il fût pouvait prendre part, ne réunissait déjÃ
plus que quelques convives. Les gens des seigneurs de la
ville, après avoir semé en plusieurs lieux force argent mon-
noyé, crians largesse, comme se fait es ioyeux aduenemens et
entrées de roys commençaient à se retirer, et la foule se portait
avec un empressement qui semblait augmenter avec la fin de
la journée, sur le quai de la Saône pour jouir de la vue du
feu d'artifice que Messieurs de la rue Mercière firent tirer au
milieu de la rivière dans un bateau qui fut consumé, tellement,
dit un auteur, qu'il semblait que l'eau brûlait aussi. D'autres
feux d'artifice venaient d'être allumés sur le coteau de Four-
vières et sur la place de l'Herberie, aux acclamations de la
population entière et aux cris de vive le roi! vivent nos seigneurs
ses enfants ! si bien que, à part m ê m e les illuminations partie
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