Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                37(i
« p è r e , qui est toujours attentif aux plaintes de son iils! >•
    Vient ensuite un ravissant tableau de la vie du poète. On sait
que Pellico naquit à Saluées, en 1789 ; ainsi, il n'a guère qu'un
an de plus que notre Lamartine, el il est moins âgé que Man-
zoni, que La Mennais. Son enfance , robuste d'abord, fut sou-
dain flétrie par une affreuse langueur, par des spasmes qui
rendirent le jeune Silyio excessivement triste ; il semblait, à
toute heure , que la mort dût le prendre, puis elle se mettait
à le dédaigner, mi sdegnava. Au milieu de la troupe rieuse de
ses gracieux compagnons, ce lui était un amer supplice de voir
que son frêle corps ne pût seconder l'ardeur de son âme ; ses
courtes joies en étaient interrompues , il allait cacher ses lar-
mes solitaires , e t , quand on le trouvait pleurant à chaudes
larmes , le pauvre innocent, on le traitait de fou , parce qu'on
ignorait la cause de ses précoces tristesses.
    Le nom de Silvio est le nom d'un poète aimé dans ces ré-
gions-là. De Saluées , où il était n é , où il avait été baptisé, où
il venait d'essayer ses premiers pas dans la vie , Pellico fut
transporté à Pignerol, toujours maladif et voisin de la tombe.
Il garde un fidèle souvenir des heures qu'il passait à l'église.
" Là , dans l'ombre du soir, aux lueurs de la sainte l a m p e , il
« priait, avec sa mère et son frère , la reine miséricordieuse
« des anges et des affligés, lui demandant ou quelque a p p u i ,
 « ou le tombeau. »
    C'est au séjour à Pignerol que se rattachent pour Silvio
 Pellico des souvenirs religieux empreints de tout le charme
 pur et candide que la jeunesse répand sur les moindres joies.
Mais néanmoins ce moment solennel chez une aine encore
 pure d'innocence et d'amour spontané , l'heure sainte où
 l'homme reçoit son Dieu, pour la première fois, Pellico ne
put la passer à l'église; ses parents el ses frères pleuraient au-
 tour de l u i , quand le pain céleste vint à sa couche de dou-
leur. On croyait ses jours désespérés , et il disait à la nuit
 sombre :
                 O nuit, tu vas dans ton ombre
                 itïVnisevelii' jiour jamais.