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« cet éclat pouvait venir de trois causes, de ce que la soie-
« avait été pressée entre ses dents et mouillée de sa salive,
« et qu'elle se pouvait être échauffée. Sur ce principe, il
« imagina la manière dont se font aujourd'hui les taffetas.
« On fait extrêmement manier et tordre la soie avant que
« de l'employer ; on donne l'eau au taffetas quand il est fait ;
« on l'étend pour cela, et l'on fait courir pardessus un b r a -
« sier qui sèche à eau dans le moment. Mai joua de son reste,
« pour mettre cette idée en usage ; elle se trouva b o n n e ,
« mais elle ne parvint pas tout d'un coup à une manière cer-
« taine et assurée. Il y a de la façon à donner l'eau, e t , de-
« puis ce temps-là , c'est un métier dans Lyon que celui de
« bailleur d'eau, et ceux qui y sont habiles gagnent beau-
« coup. Le plus difficile, dans le commencement, c'est de
« savoir à point nommé donner le feu après l'eau. Mai^ pour
« en faire l'essai, brûla du taffetas pour des sommes consi-
« dérables, mais, nonobstant ces pertes et le méchant état
« de ses affaires au temps qu'il s'avisa de cette nouvelle in-
< vention , il ne laissa pas de faire de grands gains et de ré-
•
« tablir sa fortune ^ qui aurait été immense', si son secret
« avait été de nature à pouvoir se cacher. Il ne serait pas
« impossible de travailler ailleurs le taffetas comme à Lyon,
« mais ce qu'on y voit de particulier, et qu'on n'a point ail~
« l e u r s , c'est un noir le plus beau qui se puisse voir. On
« tient que l'eau de la Saône y contribue beaucoup (1). »
Il nous reste à dire un mot de l'auteur du Mémoire sur le
Gouvernement de Lyon.
Henri-François-Lambert d'Herbigny^ marquis de Thibau-
ville, était fils d'Henri L a m b e r t , seigneur d'Herbigny, con-
seiller au parlement de Paris, qui, après avoir été maître des
requêtes en 1660, intendant à Moulins en 1666, en Dauphiné
en 1679, Ã Montauban en 1691, Ã Lyon en 1694, puis Ã
Rouen la même a n n é e , mourut conseiller d'état le 23 no-
(1) Jbid., p. 141.