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 machine de guerre dressée contre elle. Le libraire qui en
avait accepté la responsabilité et retenu les bénéfices dénonça
M. Guillon, déjà emprisonné sous le prétexte d'un petit livre
qu'on lui attribuait, dans lequel l'auteur avait tourné en
dérision le directoire, et principalement son président, qui
était bossu, et réunissait tous ses efforts pour fonder une
religion déistique, qu'il appelait Ihéophilanlhropie. Ce petit
livre, fort piquant, avait pour titre ; Etrennes aux amis du
dix-huit, etc., dédiées à Mahomet ihéophilanthrope ; à Paris
de l'imprimerie de Polichinelle. Le soi disant marchand Aimé
Guillon eut à subir, pour ces deux ouvrages, deux procès
successifs sur la sellette du tribunal criminel, le même jour
10 septembre 1798. Nous rencontrons encore des gens qui
en furent témoins, et ils nous assurent que la présence d'es-
prit, l'adresse et le courage ne manquèrent pas un seul instant
à l'accusé dans sa défense, pendant les neuf heures que
durèrent les débats. Une partie du jury partisan de la
Réveillère-Lepaux ne s'accordant point avec celle qui ne
l'était pas, on ne put lui arracher une déclaration quelconque
qu'après l'avoir tenu vingt-quatre heures renfermé, et celle
qu'il rendit enfin ne laissa pas aux juges la possibilité de
condamner celui à qui l'accusateur public imputait les deux
ouvrages.
   Quelques mois après, M. Guillon créa un journal fort
caustique sous le litre de Feuille impartiale. Elle ne subsista
guère qu'un a n , parce qu'elle se trouva supprimée avec
cent autres journaux, quand Bonaparte, s'étant fait premier
consul de la République, décréta, en décembre 1799, qu'il
n'y aurait plus que quatorze feuilles périodiques, nomina-
tivement désignées, auxquelles il serait désormais permis de
paraître.
   Au commencement de l'année 1800, M. Guillon jeta dans
le public sous le pseudonyme d'Andry, avec la rubrique de
Londres, une espèce de dissertation qui, dès son avant-propos,
annonçait positivement que le premier consul se ferait bien-