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 bisles, on ne comptait pas dans la ville entière soixante
 maisons brûlées pendant un si long bombardement. Certes,
 les choses se passaient différemment devant Mayence, devant
 Gènes, devant Sarragosse , villes autrement fortifiées el dé-
 fendues par d'autres garnisons.
    « Après l'affaire du 29 septembre on sentit qu'une plus
 longue résistance était impossible. Depuis l o n g t e m p s tout
 espoir de secours s'était évanoui. On se prépare à une sortie
 en masse. On devait se mettre en marche comme une armée
 d'anciens Germains ; en avant et en arrière les combattants
 et au centre les femmes, les enfants, les bagages, et pour aller
 où? les uns me disaient en Suisse; d'autres, dans les montagnes
 du Forez et de l'Auvergne pour y soulever une autre Yendée;
plusieurs ne voyaient dans cette sortie qu'un moyen de franchir
les lignes ennemies pour se sauverisolément. J'allais prendre
congé de mon oncle, que je ne devais plus revoir, je lui remis
un gros paquet tant de papier que des pièces imprimées que
j'avais recueillies dans les événements de Lyon. Cette énorme
liasse fut placée derrière un trumeau dans la chambre de
Mlne de Font..., qui logeait dans un hôtel garni, rue Ecorche-
Bœuf. Celle liasse y est peut-être encore; l'envie m'est venue
plusieurs fois défaire des perquisitions pour la découvrir. Il s'y
 trouverait sans doute des notes perdues pour tout le monde.
    « Je reçus de je ne sais qui un beau fusil, des cartouches,
 une paire de pistolets garnis en argent, avec des assignats et
 des louis d'or que je ne comptais point el dont je n'ai jamais su
 la quotité; je fis mon sac, soupai de fort bon appétit; nous
rîmes beaucoup dans la cave de l'Hôlel-de-Yille où nous nous
étions réfugiés. »
    « Yers minuit nous nous mêlions gaîment en roule au nom-
bre d'une vingtaine , sans trop savoir où nous allons. Nous
joignons une pelile colonne qui débouchait silencieusement
sur le quai Saint-Antoine, nous traversons en bateau la Saône
en face de Serin, dont le pont avait été emporté quelques
années auparavant. Je vois du cabinet où j'écris el que je dois