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ferions u n double accueil si chez nous il y avait deux m a -
nières de recevoir ses frères, vous devez être bien fatigué,
que souhaitez-vous ?
— A v a n t t o u t , du feu, puis à manger; je cours la m o n t a -
gne tout seul depuis plus de neuf heures.
•—Tout seul ! et vous avez pu t r o u v e r le monastère p a r
ce temps rigoureux ?
— O u i , m o n P è r e , en me p e r d a n t trois fois.
— P r e n e z bien vite u n verre de n o t r e élixir.
— C e t t e liqueur me paraît bien forte.
— E l l e vous fera grand bien.
—Mais je crache Je sang a b o n d a m m e n t .
•—-C'est FefFet de la marche et du froid
— E t aussi d'une fièvre que j'ai depuis cinq mois.
•—Prenez toujours.
E t j'avalai b r a v e m e n t m o n élixir.
— E h bien ?
— E h bien, çà me brûle h o r r i b l e m e n t , mon père, je
souffre b e a u c o u p .
— O h ! çà va passer.
T a n t mieux ! aussi bien j e n e pourrais pas l ' e n d u r e r
longtemps.
Là -dessus, le frère J e a n - M a r i e S e u n , que je traitais si
respectueusement en r é v é r e n d Père^ me fit un feu comme
on n e sait en faire que dans les montagnes, il mit provisoi-
r e m e n t trois arbres dans la cheminée, je me mis en qua-
trième dans l'angle du foyer et la conversation reprit ainsi :
— M o n frère, pourrai-je assister, dès cette nuit, à l'office
de vos religieux? Pourrai-je obtenir une audience du
r é v é r e n d coadjuteur ? me sera-t-il permis de consulter
votre bibliothèque ? de transcrire vos règlements? n ' o b -
t e n a n t pas de réponse je prenais pour un assentiment le