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      « AaRÉTENT qu'il sera établi dans le jour une commission
 «    révolutionnaire composée de sept membres; que cette com-
 «   mission fera traduire successivement devant elle tous les
 «   prisonniers pour y subir un dernier interrogatoire; que
 «   l'innocent reconnu sera sur le champ mis en liberté e l l e s
 «   coupables envoyés au supplice; que tous les condamnés
 «   seront envoyés, en plein j o u r , en face du lieu m ê m e où
 «   les patriotes furent assassinés, pour y expier, sous le feu
 «   de la foudre, une vie trop long-temps criminelle. »
     « La première opération de cette épouvantable commis-
 sion, fut de faire mitrailler aux Brotteaux, le 14 frimaire, au
soir, non loin de l'endroit où se voyaient, il y a quelque
t e m p s , les Montagnes françaises, et sans les avoir interrogés ,
soixante jeunes gens reconnus pour avoir porté les armes
pendant le siège (1). Un de mes camarades de collège nom-
mé Feuillet, se trouvait au nombre de ces infortunés. Au mo-
ment où les canonniers mirent le feu aux pièces, quelques-uns
des condamnés se couchèrent par t e r r e , et se dérobèrent
ainsi à l'action du feu meurtrier; s'ètant relevés après les
coups partis, et ayant cherché à s'enfuir à travers les champs,
le chef de la troupe commandée pour assister à l'exécution,
ordonna au détachement de dragons, qu'il avait avec l u i , de
poursuivre ces infortunés et de les hacher à coups de sa-
b r e s , ce qui fut fait avec la promptitude de l'éclair.
    « Ces dragons élaient du 9 me régiment dont le colonel,
M. de Beaumont, homme bien n é , de bonne compagnie, ne
partageait p a s , il s'en faut de beaucoup, l'exagération de
sentiments et de principes qu'on remarquait, à cette é p o q u e ,

   {1) Le lendemain matin , deux cent neuf autres malheureux furent égale-
ment mitraillés aux Brotteaux , dans la prairie à gauche du chemin qui con-
duit du jeu de boules à la ferme de la Pari-Dieu. Par compensation , cin-
quante détenus furent mis eu liberté le 20 frimaire et autant le 50 ; les décadi
de chaque mois étant les jours choisis pour faire rentrer dans la société les gens
renvoyés d'accusation , afin qu'ils eussent à y remplir les devoirs du républi-
cain , comme le disait le jugement.