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SUR LE PONT DE SAONE I49 Cette fois, les Juifs étaient bel et bien chassés, pour tout de bon et pour toujours (38). foy, et aussi noz procureurs et officiers, de plusieurs grans plaintes et clameurs qui leur venaient chascun jour des excez et délix que lesdiz Juifs faisaient et font chascun jour sur les christiens : et pour ce nosdiz procureurs aient faictes plusieurs informacions par lesquelles il appert manifestement iceulx Juifs et Juives avoir commis et perpétré pluseurs crimes excès et déliz, et en maintes manières avoir délinqué espéciale- ment contre nostre foy et aussi contre le contenu en nos dictes lettres à eulx octroïées ; « Savoir faisons que Nous — ces choses considérées, et pour aucunes autres causes ou considéracions qui à ce nous meuvent et doivent mouvoir, — Nous, par saine et meure délibéracion de pluseurs de nostre sanc et autres de noslre grant conseil — avons délibéré, voulu, conclu et déterminé, et par ces présentes délibérons, voulons, con- cluons et déterminons par manière d'établissement ou constitution irré- vocable, « Que doresnavant nul Juif ou Juifve ne habitent, demeurent ou conversent en nostredit royaume tant en Languedoyl comme en Lan- guedoc... etc.. « Donné à Paris le xvn e jour de septembre 1394. Par le roy en son conseil, Mess, les ducs.de Berry, d'Orléans et de Bourbonnais, le chan- celier, le vicomte de Melun et plusieurs autres présents. » (38) Pour toute la durée de l'ancienne monarchie. Confirmée par déclaration de Louis XIII (23 avril 1615), qui porte expulsion des Juifs qui « se sont depuis quelques années espandus, déguisés, en plu- sieurs lieux de cestuy notre royaume » l'ordonnance constitutionnelle du 17 septembre 1394 resta en vigueur jusqu'à la Révolution. Il faut toutefois observer qu'elle ne fut appliquée que dans les provinces qui faisaient en 1394 partie du royaume et non dans celles qui, comme la Provence et l'Alsace, y furent plus tard annexées. Les Juifs qui se trou- vaient en assez grand nombre dans ces deux pays lors de leur annexion n'en furent pas chassés. Rappelons d'autre part, qu'en 1550 les Juifs expulsés de Portugal et d'Espagne obtinrent du roi Henri II la permis- sion de se fixer à Bayonne et à Bordeaux.