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SUR LE PONT DE SAONE 139 se loger vers la rue Dorée près de la Primatiale, les gens d'Église, qu'un tel voisinage incommodait, leur rirent donner ordre de réintégrer le quartier traditionnel de ceux de leur nation (18). La rue proprement dite des Juifs (la rue Juiverie) ne suffisait plus à les abriter tous. C'est pour- quoi plusieurs des Moïse et des Isaac, des Baruch et des Salomon que Lyon possédait alors en grand nombre se virent obligés de prendre gîte à la Porcherie, au « carré » et dans la rue de ce nom (19). Quels étaient les métiers, les moyens d'existence de tous ces arrière-filleuls des patriarches et des prophètes ? Peut- être y avait-il, parmi eux, des médecins, profession à laquelle les Juifs se sont toujours adonnés avec succès. D'autres travaillaient à l'affinage de l'or (20). Mais, y a- t-il besoin de le dire, ce qui faisait vivre et enrichissait la plupart d'entre eux, c'était l'usure. Comment ne se seraient-ils pas livrés à l'usure? Ils y étaient, chose étrange, autorisés, en quelque sorte même encouragés par le gouvernement royal. avec les gens d'église on lit ceci : « Ils (les gens d'église) ont en lad. ville sur tous les Juifs qui entrent en ycelle 20 deniers tournois... (ce) qui leur a esté et est de grant prouffit et par especial depuis dix ou douze ans que les Juifs sont venuz demourer au Royaume dont il eu y a ja grant quantité et chascun jour y en vient, dont la rente desdictes gens d'Eglise croit chascun jour. » Archives de la ville, CC. 190, p. 27. (18) Pericaud. Notes et documents, « 1379, ordonnance de l'Église de Lyon portant que les Juifs seront chassés de la rue (aujourd'hui Dorée) et qu'ils seront tenus de se réunir dans une autre rue. » (19) Archives de la ville, CC Nommées de 1388. V. supra, note 8. (20) Les Juifs ayant été chassés de Lyon en 1394, beaucoup d'entre eux se réfugièrent à Trévoux. Us y portèrent, dit Pericaud, Notes et documents, 1365, une industrie qui s'y est longtemps conservée, celle de l'affinage et de l'étirage de l'or.