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                      SUR LE PONT DE SAÔNE                          I35

qu'un autre fléau, les Juifs — invasion moins terrifiante
mais peut-être plus dangereuse — s'abattait sur leur cité.
Il fallait faire place à ces revenants, puisque telle était la
volonté du roi. Mais on ne les reçut qu'à contre-cœur, se
doutant bien qu'on n'aurait pas à se louer de leur avoir
donné asile. Et, en effet, ils ne tardèrent pas à montrer
que, pour séjourner en France, il s'en fallait qu'ils eussent
l'âme française.
   Les Juifs de Lyon étaient traités, à cette époque, quant
aux contributions et charges publiques, de tout autre
manière que le commun des habitants. Sur chacun d'eux,
à son entrée en ville, était perçu un droit de vingt deniers
tournois dont les gens d'Église avaient le profit ( n ) . De
plus la communauté juive était tenue d'acquitter, à titre de
droit de séjour, une redevance dont le montant (assez peu
élevé à en juger par les récépissés qui nous restent) variait,
sans doute, suivant le nombre de ses membres (12).
Moyennant le paiement de ces deux taxes, qui leur étaient
spéciales, nos Israélites étaient privilégiés : ils étaient
exempts et du service militaire qui se nommait alors le
guet et garde de la ville, et de la plupart des autres devoirs
ou impôts des citoyens lyonnais (13). Toutefois, par


   (11) Archives de la ville de Lyon, CC. 19.
   (12) lbid. CC. 377. « Receu des Juifs por la composition qui fut faite
avec eulx le XXIXe jour de may l'an IIIIXX III (1383) dès la Saint-
Johan IIII*x II (1382) jusqu'à Chalendes IIIIXXIIII (1384) cinquante
francs », CC. 376. « Monte la somme de la composition faite avec les
Juifs de Lion pour leur demoure de la feste de la nativité Saint-Johan
HIIxx V(i38s) jusqu'à la Saint-Johan 1111** VII (1387) quarante francs.
Et futfaite ladite composition le XX1 jour de novembre IIII** VI (1386),
laquelle somme recevit et en fit la dépense Barthélémy de Molon. »
   (13) Ordonnance de mars, 1360, art. 16 et 17. « Voulons aussi et