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SUR LE PONT DE SAONE 9 Le jeudi 6 septembre 1548, nos échevins avaient, au sujet de l'entrée du roi, qui était définitivement fixée au dimanche 23, plusieurs graves questions à « mettre en termes » ; leur ordre du jour était très chargé. Ils ne crurent cependant pas pouvoir refuser de donner audience à l'un de leurs concitoyens qui avait une « remontrance » et une « requête » à leur présenter. Il est vrai que ce concitoyen n'était pas le premier venu : c'était Me Estienne de Bourg, docteur es droits, avocat en la cour ordinaire de Lyon, ancien avocat du roi, l'un des notables du quartier de Fourvière, l'un des bourgeois les mieuxrentés (5) de la ville. Me Estienne commença par remontrer, lisons-nous au registre consulaire, que « le guet qui se fait la nuit par les officiers et sergents de la police ordinaire est fort faible » ; conseillers était fait chaque année, à la Saint-Thomas, exclusivement par les maîtres des métiers, choisis eux-mêmes par les conseillers en charge. Ce régime avait pour conséquence naturelle de faire du Consulat le monopole de quelques opulentes familles. De 1514 à 1522 quelques meneurs qui prenaient le titre de procureurs des artisans, et dont l'apothicaire Jehan Gaultier semble avoir été le plus remuant, récla- mèrent avec instance mais sans succès le droit pour tous les citoyens de participer aux élections consulaires. Déjà en 1400, le dépit qu'éprou- vaient « les gens de métier et petits méchaniques de se voir méprisés et reculés des assemblées des conseillers et gouverneurs du corps de la ville », avait donné lieu à la sanglante « rebeine » que raconte Paradin, Mémoires de l'histoire de Lyon, liv. 2, chap.