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6 UNE NOUVELLE BOUTIQUE fantaisie et de toilette — comme il s'en rencontre tant aujourd'hui dans les rues du centre de notre ville, mais comme était peu habitué à en voir le public lyonnais d'il y a trois cent quarante-sept ans. Le nouveau magasin ne manquait pas de chalands et ceux qui venaient dele monter n'avaient qu'à se féliciter du succès de leur entreprise. Comment, d'ailleurs, n'aurait-elle pas réussi ? D'abord l'endroit ou ils s'étaient installés était le meilleur qu'ils pussent choisir pour un commerce comme le leur ; car il n'y en avait pas alors de plus central, de plus fréquenté. Unique trait d'union entre les deux quartiers, d'importance à peu près égale, qui composaient Lyon : le quartier de Fourvière et le quartier de Saint-Nizier, le pont de Saône était le vrai « cœur et milieu » de la ville, de nombreux passants y circulaient sans cesse. Quant au moment où la boutique avait été ouverte, il était aussi des plus favorables. Henri II et Catherine de Médicis venaient de monter sur le trône de France. Lyon était dans l'attente des jeunes sou- verains qui avaient promis pour septembre « à leurs chers et bien amés les conseillers, bourgeois et habitants de cette ville », leur première visite royale. La « venue du Roy », surtout d'un nouveau roi, était toujours pour nos pères un événement de haute importance. Ils croyaient de leur intérêt comme de leur honneur de faire à leur « souverain seigneur » une pompeuse entrée, de lui offrir de riches présents, d'organiser, pour lui rendre agréable son séjour au milieu d'eux, toutes sortes de fêtes et d'ingénieux « passe-temps ». D'immenses préparatifs se faisaient à Lyon,en vue de la pro- chaine arrivée de Sa Majesté qu'on entendait recevoir avec plus de solennité et de magnificence qu'aucun de ses prédé-