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BIBLIOGRAPHIE 327 « Indéfinissable ainsi que toutes les passions fortes, n'est-elle pas incompréhensible, puérile, ridicule même pour tous autres que ses fer- vents?... Peut-être cette étrange passion n'est-elle qu'un restant d'ata- visme, un goût légué par nos primitifs ancêtres, un impérieux besoin de retour aux mœurs sauvages, un instinct persistant qui ramène le civilisé, d'un état social exagéré, à la nature. Ce serait vraiment à croire qu'il en est ainsi tant les joies qu'elle procure sont simples et profondes, tant leur trame légère suffit à nous masquer les complications, les platitudes, les soucis et les tristesses de l'existence. » Donc l'auteur est un fervent, et il ne faut pas s'en plaindre, car le chasseur a dicté au lettré de belles pages que même les profanes peuvent apprécier. Il y a mis là toute la poétique nouvelle, donnant aux choses leur importance pittoresque et suggestive ; puis son style franc, honnête et précis rassure le lecteur déjà revenu des mots bizarres ou techniques qui sont toute la modernité de certains ouvrages. Le chapitre de l'affût impressionne particulièrement, nous en voulons citer quelques lignes : « De son poste Jacques voyait affluer toute la légion des espèces aquatiques : canards, sarcelles, milouins rouges, siffleurs, fourchus, que son œil exercé distinguait rien qu'à leur façon de voler. Le ciel se criblait de sombres taches mouvantes, et le grand bruit d'ailes augmentait toujours. Il y avait des moments où ce bruit devenait un sifflement aigu, trahissant l'affolement d'une fuite préci- pitée, à travers l'air froissé par le choc des becs et des poitrines lancés à des vitesses folles. Puis à d'autres moments ce bruit se faisait grave, moelleux, se prolongeait en des sonorités douces et mourait dans un rapide glissement de plumes. Proche ou lointain, faible ou fort, il emplissait l'ombre d'un battement d'éventail continu. » Jacques, le braconnier, prend la fièvre, Marion le soigne avec dévoue- ment, il y en a toujours au cœur de la femme; en même temps le père nourricier de Jacques obtient pour lui une place de garde particulier, ce qui lui permet, et le décide, à épouser la Marion. Si ces lignes n'étaient pas destinées à la plus grave et à la plus chaste des Revues, nous pourrrions dire que tout finit donc bien dans le pays des étangs, et il ne nous viendrait pas à l'idée d'excuser l'auteur pour certains passages ne permettant pas de laisser traîner ce livre sur la table de famille. Mais il est certain que l'auteur n'a pas pensé à cette table en écrivant les chapitres intitulés, La Jeannette, Charivari et Lune de miel, il s'est préoccupé surtout de remplir son cadre consciencieu-