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278                  LOUIS XIII ET RICHELIEU

se présentait, il faisait faire au roi une sorte d'examen de
conscience sur ses devoirs de souverain, posait certains
principes généraux de morale politique et en déduisait la
conduite à tenir.
   Prenons pour exemple le mémoire qu'il lui présenta le
13 janvier 1629, après la prise de La Rochelle ; il s'exprime
ainsi : « L'action de grâces qui estdeue à la bonté de Dieu
pour un tel succès ne me convie pas seulement, mais me
contraint à faire cette proposition à Sa Majesté ; et à mon
advis elle l'oblige à l'embrasser et à la suivre
   Il (Je roi) doit considérer devant Dieu, et examiner soi-
gneusement et secrètement, avec ses fidèles créatures, ce
qui est à désirer en sa personne et ce qu'il a à réformer en
son Estât » (1).
   Par ces mots ses fidèles créatures, Richelieu entendait
parler non seulement de lui, mais encore de tous les per-
sonnages qui l'écoutaient. Le soir du 13 janvier, il n'était
pas seul avec le roi ; la reine-mère Marie de Médicis et le
Père Suffren, confesseur de Louis XIII, étaient présents(2),
et Richelieu voulait convaincre, en même temps que le
roi, tous ceux qui pouvaient avoir sur lui quelque
influence.
   Il continue en ces termes : « Un prince doit donner per-
mission à ses familiers de l'avertir de ses deffauts. Au temps
de Tybère on tenait les doigts à la bouche ; mais Auguste
permettoit qu'on luy dit ses deffauts et remercioit ceux qui
les luy faisoient entendre, tesmoignant que ce luy estoit
chose très agréable puisqu'il leur faisoit du bien. »


   (1) AVENEL. Lettres, instructions diplomatiques et papiers d'État du car-
dinal de Richelieu. III. 180.
  (2) Id. 180, note.