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BIBLIOGRAPHIE 269 à Lyon, soit à Genève, et il nous a conservé de la sorte le souvenir de plus d'un événement de notre histoire locale, demeuré inconnu de nos historiens. C'est ainsi que sous la date du mois d'avril 1690, il nous apprend ce qui suit sur l'état de la fabrique lyonnaise de soierie, à cette époque : « Grande diminution du commerce à Lyon. 8,000 métiers qu'il y avoit à Lyon pour une sorte de manufacture de taffetas, à laquelle on donne ensuite le lustre, sont réduits à 2,500, et il n'y est entré depuis un an que la moitié de la soye qu'on y apportoit les autres années. » Comme on le voit, à toutes les époques, notre fabrique de soie a subi des crises inévitables, mais dont elle s'est toujours relevée. A ces renseignements sur le commerce de notre ville, l'auteur n'ou- blie point d'ajouter le souvenir des intempéries et des fléaux naturels. Nous savons ainsi, par lui que « le samedi dernier mai 1692, » la grêle tomba en si grande abondance, « qu'il y en avait quatre pouces de haut dans Lyon et à une lieue aux environs. » Plus loin, ce sont des renseignements sur le prix des denrées. Nous voyons qu'au mois de décembre 1693, il se produit « une grande cherté des vivres. » Car, à Paris et à Genève la livre de pain coûte 6 sols 6 deniers, pendant qu'à Lyon elle ne se vend que 3 sols 6 deniers seulement, « alors, ajoute-t-il, que quatre ans auparavant, elle ne valait que 6 deniers obole. » Au mois de janvier 1694, Tourton nous apprend que le Rhône a gelé à Genève et qu'un froid excessif a régné pendant deux mois. L'hiver de 1890-1891 n'est donc pas sans précédent. Aussi la misère est-elle fort grande, à Saint-Étienne, notamment, où indépendamment d'un grand nombre de personnes dans l'aisance, mortes depuis peu de temps, il était mort 5,000 pauvres et où il restait encore un nombre égal de gens réduits «au plus complet dénûment. Au mois d'avril de la même année, la misère est loin d'avoir cessé. Car la quarte de blé seigle s'est vendue, à Saint-Etienne, 7 livres 10 sols, et présentement, dit-il, 7 livres, en ajoutant que le poids de la quarte était de 48 livres seulement, ce qui est, en effet, un prix très élevé pour l'époque, si l'on observe surtout qu'au mois de mai 1690, la quarte de seigle n'avait valu qne 20 sols seulement. En l'année 1698, Tourton nous apprend encore que « les pluies d'automne avaient causé un grand dommage en Lyonnais et en Vivarais. 0