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     Le culte de Mercure fut un des plus répandus dans l'univers ro-
 main, ce qu'on peut attribuer, du moins en partie, à la multiplicité
 des fonctions diverses que le paganisme lui reconnaissait (1). Aussi
 ses monuments sont-ils infiniment plus nombreux que ceux d'aucune
 autre divinité, sans excepter même le roi des dieux et des hommes(2).
 Aussi encore, soit chez les écrivains de l'antiquité , soit sur les
 médailles et les marbres, le voyons-nous désigné par une grande
 "variété de surnoms plus ou moins répandus, fondés, les uns sur ces
 attributions générales, les autres sur des mythes spéciaux ou sur
 des circonstances de localité.
    Parmi ces derniers surnoms, on peut remarquer notamment celui
de CRIOPHORE, Kpiofipo;, sur lequel nous devons quelques détails
historiques à Pausanias, écrivain fécond, comme on sait, en docu-
 ments de cette nature. Dans son passage le plus important sur cet
objet, que je rapporte en son entier, je suis la traduction justement
estimée que nous en a donnée notre compatriote Clavier. Parlant de
la ville de Tanagra, le savant voyageur en Grèce dit : » Mercure y
a deux temples, l'un sous le nom de Criophorus (Porte-Belier), l'au-
tre sous celui de Promachus. Ce premier surnom lui fut donné,
dit-on, parce qu'il détourna de la ville une maladie contagieuse, en
portant un bélier autour des murs ; c'est pour cela que Caîamis a
 fait la statue de Mercure portant un bélier sur ses épaules. Le jour
de la fête du dieu, celui des adolescents qui a été jugé le plus beau,
 fait le tour des murs do la ville, portant un agneau sur ses épau-
 les (3). » Ailleurs, parmi les statues des dieux qui ornaient le bois
Carnasius, dans l'ancienne OEchalie, Pausanias fait mention de celle
de Mercure portant également un bélier (4). À Olympie, il décrit

   (1) Messager de l'Olympe, conducteur des âmes dans l'empire de Pluton,
dieu du commerce, des voleurs, inventeur de l'éloquence, protecteur des
troupeaux, etc.
   (2) Dans notre Gaule, plus que partout ailleurs, le culte de Mercure était
en grand honneur, si nous pouvons en juger par la quantité de figurines et
de monuments votifs consacrés à ce dieu, qu'on y a découvert dans tous les
temps.
   (5) IX (BÅ“ot.), 22.
   (4) IV (Messcn.), 33.