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452 Elle doit donc chercher ailleurs ses alliés; peut-elle en trouver un dans l'état qui représente en Europe la transi- tion à l'absolutisme asiatique? Peut-elle s'allier à la race slave chez laquelle sont endémiques le despotisme et l'escla- vage ? Peut-elle se fier au peuple dont Paul 1 er disait : « Si je chasse les Juifs de mes états ce n'est pas dans la crainte qu'ils trompent les Russes, mais pour que ceux-ci ne les trompent pas.» Puisqu'elle veut se mettre à la tête de la ci- vilisation du monde, son alliée naturelle, pour atteindre ce noble but, sera la race anglaise, qui sur tous les points du globe, a déjà éveillé les peuples dans l'intérêt de son indus- trie et de son commerce. En s'associant avec la Russie, elle doit se résoudre à rétrograder ou à rompre bientôt une alliance mal assortie, car il ne peut y avoir rien de com- mun entre la lumière et les ténèbres. Au milieu de ce classement d'états, on ne sait trop où placer l'Autriche. Cet empire, tout composé de pièces hété- rogènes liées artificiellement, n'a pas reconnu la route que la nature lui indiquait. Au lieu de s'étendre avec son beau fleuve, le Danube, il s'efforce inutilement de s'assimiler les Italiens au milieu desquels il est toujours comme le coucou usurpant le nid de la fauvette. Aujourd'hui les chances de paix et de guerre se concen- trent sur deux points, la vallée du Rhin et la Syrie. De telles contrées sont toujours destinées à devenir le théâtre de grands événements, à fournir des champs de bataille, à être souvent conquises, car leur possession est comme une condition d'existence pour les états voisins. Leur posi- tion géographique en est la cause. A la vallée du Rhin aboutit la grande route de l'Asie et de l'Orient, tracée par le cours du Danube; là sont arrivés successivement les flots des peuples dans leurs migrations, et cette grande agi- tation ne peut se calmer qu'après des oscillations séculaires.