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432 ïa finesse et l'ironie; il oppose l'élasticité des commentaires à la rigueur des textes, les attendrissements du cœur à l'austérité de la raison, et à l'évidence des choses le sé- duisant effet d'une phrase habile. C'est ainsi que ce travail de la plaidoirie, si riche qu'il soit de productions brillantes, où se dépense tant d'énergie et de talent se trouve l'opposé, en tout point, des opérations calmes et profondes qui s'accomplissent dans l'intelligence du sérieux penseur et qui augmentent chaque jour sa pé- nétration et sa rectitude. Quand ces procédés de la plai- doirie que la philosophie réprouve, si l'art du rhéteur les excuse, et qui me semblent incompatibles avec la grande élo- quence, quand ces procédés se sont développés et enracinés par l'habitude, cette souveraine éducatrice, ils s'imposent comme méthodes définitives et comme lois à la raison de l'homme qui s'y est une fois asservi. Examinons cette raison ainsi modifiée, recherchons dans quelles conditions se trouve placé vis-à -vis de la science et de la vérité, l'esprit d'un avocat qui aurait négligé de faire à ses travaux ordinaires de sérieuses diversions, et de fixer des limites aux envahissements de l'habitude. Celui dont l'attention ne se porte jamais que sur des idées relatives, dont la pensée ne combine que des accidents éphé^- mères et des notions transitoires et ne s'élève pas à la con- templation des grands principes, celui-là est facilement en- traîné à l'oubli de ces principes, et perd la faculté de discer- ner les vérités éternelles d'avec les notions contingentes. Il arrive à ne plus admettre l'existence d'idées immuables, à nier formellement l'absolu, en un mot au septicisme; tout au moins étouffe-t-il dans son âme cet amour actif de la vérité qui est le mobile essentiel du penseur et du sage ; quel intérêt prendra-t-il à toutes les hautes questions, lui qui mé- connaît les éléments qui servent à les résoudre ; et comment