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                               S7S
 testée et hypothétique. Et d'ailleurs l'Egypte est déjà française
 dans l'âme , elle se rappelle la visite de Bonaparte , elle sait
que les Français furent pour elle des maîtres bienveillants et
 généreux, tandisque les Anglais furent des amis nuisibles
 et oppresseurs.
    Quant à la Russie , la satisfaction d'obtenir enfin ce que
 depuis si longtemps elle désire , et plus même qu'elle n'osait
 peut-être désirer, la rendrait facile à donner son consente-
ment à un tel traité. Quelques esprits s'effrayeraient peut-
être de l'accroissement considérable que recevrait la puissance
russe ; une telle crainte serait sans motifs réels.
    Il est évident , qu'à moins d'être atteinte d'une ambition in-
satiable et aussi contraire au sens commun et à la justice
qu'à l'intérêt de sa propre existence, la Russie devrait se
trouver satisfaite des conquêtes nouvelles qu'elle aurait faites,
conquêtes qui, jointes à l'empire que déjà elle possède, la do-
teraient d'une puissance suffisante pour lui assurer une forte
influence sur les destinées du monde. Sa politique prendrait
sans doute dès ce moment une direction nouvelle. Elle s'ap-
pliquerait à civiliser ses peuples ; à perfectionner, pour les
exploiter mieux, l'administration, les industries et les riches-
ses de ses nouveaux sujets ; à organiser enfin un esprit natio-
nal , lien indispensable pour unir tant de races différentes.
Et si, contre toute prévision, la soif des conquêtes la dominai!:
encore , il est probable qu'elle tournerait son ambition vers
l'Asie, qui l'attirerait par l'appât d'une proie plus riche et plus
 facile que l'Europe où elle se trouverait cernée par des états
 puissants, attentifs à ses actes et vigilants sur leurs intérêts.
 Rénovatrice de l'empire d'Orient dont elle aurait pour ainsi
 dire la suprématie absolue , elle laisserait en paix l'Occident 5
 s'inquiétant peu d'y voir primer la France, son alliée.
     Ce n'est donc pas la crainte du développement acquis par
 la puissance russe qui pourrait empêcher les autres parties in-
 téressées d'accéder au traité. Les avantages que celte acces-
 sion leur offrirait seraient trop évidents et de trop grande