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1815 ET 1840, PAR EDGAR QBDSKT*. M. Edgar Quinet vient de publier un écrit politique qui est, à notre avis, le morceau le plus remarquable que la si- tuation présente ait inspiré ; la plus ferme raison s'y réchauffe du patriotisme le mieux senti. Puissent n'être pas perdues ces vérités dites au pays avec indépendance et avec amour ! Puisse la France écouter la vok de ceux qui la chérissent pour elle-même, et qui voient dans la patrie autre chose que le parti dont ils portent la livrée ! L'idée sacrée de la patrie est expirante parmi nous; les uns l'oublient dans les intrigues de la politique journalière, les autres l'abandonnent à travers les spéculations abstraites et les utopies. Ce n'est pas le symp- tôme le moins alarmant de notre état, que de voir les gens qui se parent du litre de penseurs dédaigner le patriotisme comme un étroit sentiment du vulgaire. Malheur au peuple chez qui se répand ce cosmopolitisme prématuré, et chez qui les philosophes osent signaler dans l'amour de la patrie une transformation de l'égoïsme. C'est là pourtant ce que nous entendons prêcher depuis dix ans par toutes les sectes nou- velles, par celles-là mêmes qui reconnaissent à la France une mission initiatrice dans le monde. Pour être l'apôtre d'une doctrine, la première condition, ce nous semble, c'est de vi- vre, c'est de sauver sa personnalité; vivre est donc un devoir pour les nations, et le sentiment de ce devoir porte en elles le nom de patriotisme. D'autre part, les hommes en qui sub- siste l'antique amour du sol et de la famille politique man- * Brochure in-8°; Paris, Paulin, libraire, rue de Seine, 53.