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fervalles, se trahit si énergiquement à la surface de la so-
ciété, car le désespoir est mauvais conseiller.
Voici ce qui donna lieu à la révolte de 1786 (1).
Au commencement du mois d'août, l'archevêque de Lyon,
M. de Moutazet, qui était en possession de faire payer an-
nuellement aux marchands de vins en gros, ainsi qu'aux
cabaretiers de la ville, un droit sur la vente du vin, demanda
l'acquittement de ce droit et encore de tout ce qui pouvait
être dû pour arrérages. Ce droit, qu'on nommait droit de
banvin, était une modification de cet ancien droit de banvin
par lequel les vieux seigneurs féodaux, pour écouler avec
plus de facilité le vin de leurs récoltes, interdisaient à leurs
vassaux ou censitaires, pendant la durée du mois d'août, la
faculté de vendre leur propre vin.
Les cabaretiers et autres débitants, refusant de satisfaire Ã
la demande de l'archevêque, fermèrent leurs établissements,
et cette détermination obligea le consulat de rendre une or-
donnance pour continuer, pendant le ban d'août, comme par
le passé, la vente et débit de leurs vins, à peine contre les
contrevenants d'être déchus de la faculté de vendre du vin.
Cette demande trouva de nombreux récalcitrants. Le consu-
lat, assemblé extraordinairement, comprit qu'il était, en cette
circonstance sans pouvoir contre les cabaretiers qui aimaient
mieux s'abstenir de vendre que de payer les arrérages de-
mandés par monseigneur l'archevêque. Mais, d'un autre côté,
il craignait que de la fermeture des cabarets il ne résultât
momentanément une disette de vin dans la ville, et que le
peuple, privé de cette boisson, ne se livrât à des murmures
(1) Nous empruntons à une notice de M. Passeron, sur Louis Tolozan de
Montfort, une partie des détails que nous donnons ici ( voir la Revue du Lyon-
nais, tome VI, pp. 100-108 ; et, dans le même vol., pp. 140-144, les lettres
de M. Tolozan de Montfort , où il révèle le triste rôle qu'il a joué dans ces
malheureuses circonstances.