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199 lète de là chaîne est le vénérable M. Détours qui reçoit lés derniers adieux de sa famille. Ses compagnons d'infortune, au nombre desquels figurent M.Yincent Soleymieux, l'abbé Bour- dely., le vieux Ravarin, l'architecte Dalgabio, elc, partagent sa douleur, et les dragons de Lorraine qui forment l'escorte parviennent avec peine à retenir le peuple indigné. Le fougueux Pignon, le brutal Reynard, le supersti- tieux Ponceton et d'autres hommes aussi nuls par leurs talents que redoutables par leurs excès, sont les acteurs de ce drame mémorable. Ou vit même, faut-il tout dire, des membres de l'administration se rendre coupables des plus basses exactions. Une jeune fille que Javogues avait appelée auprès de lui, quoique ce monstre n'eut d'autres penchants que ceux du sang et du vin, joue même un rôle intéressant dans celte scène terrible. Elle a le bonheur de lui arracher quelques victimes, et le souvenir de sa bonne action doit faire oublier son avilissement. Il faut dire ici, à la louange de la population stéphanoise, qu'elle ne put voir avec plaisir la plantation de l'échafaud sur la grande place ; au dégoût que le peuple exprima, Javogues s'empressa de faire transférer à Feurs l'instrument du sup- plice. Saint-Etienne a pris successivement les noms d'Armeville et de Commune d'Armes. Tout reçoit également des noms de circonstance. Ici, c'est la rue des Spartiates, des Sans-Cu- lottes -, là , la place de Brulus, de l'Egalité ; plus loin, le Mont-Libre, etc. Ceux-ci se font appeler Pédarette, Bias, Dé- mocrite, etc. : ceux-là se coiffent du bonnet rouge ou à queue de renard et laissent traîner un long sabre. Une es- pèce de vertige s'est emparée des esprits ; on veut détruire tout ce qui existe. Un nouveau calendrier dut remplacer l'ancien (1). (1) L'année fut divisée en douze mois de 30 jours el 5 jours complé- mentaires, ou sans-mlotties, consacrés au génie, au travail, aux actions, aux