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86 — « Quoi!... m'emporter a\i manoir de tes pères, Si tard.... Ah ! c'est en vain que tu l'espères. L'airain murmure encor, n'entends-tu pas?... Onze fois l'heure a retenti la bas. » — — « Regarde, au ciel la lune est belle et pure : Nous et les morts allons vite à cheval. Je te conduis jusqu'au lit nuptial, Ce soir encor je t'en fais la gageure. » — — « Quand verrons-nous , dis-moi, l'heurenx séjour? Où donc?... comment est notre lit d'amour? » — — Bien loin d'ici !.... petit... frais et tranquille ! Six planches en forment un calme asyle I »— — « Y trouverai-je une place?.... » — « Tous deux ! Elance-toi! viens... viens... que je t'emporte ! On nous attend... entr'ouverte est la porte.... Des conviés nous appellent les vœux 1.... — Sur le cheval la belle fiancée . En frissonnant déjà s'est élancée : Ses blanches mains s'enlacent sur l'acier Dont est vêtu Wilhelm, son chevalier. Hurrah ! hurrah ! voyez-les hors d'haleine, Le cavalier, le cheval dans leur vol Sont emportés !... ils font jaillir le sol En tourbillons , en éclairs, par la plaine ! À droite, à gauche et partout autour d'eux, Comme fuyaient et fuyaient sous leurs yeux, Plaines, forêts, collines et bruyères ! Comme les ponts grondaient de sourds tonnerres ! — « Aurais-tu peur ?.. vois, la lune est au ciel ! Hurrah ! les morts à cheval sont rapides ! Aurais-tu peur, enfant, des morts livides ?» — — « Ah ! laisse aux morts le repos éternel ! » — Quels sont ces chants, cette cloche qui tinte ? Et ces corbeaux qui croassent leur plainte ? Entends l'airain..., ces chants au triste accord 1 — « Dans le tombeau portons, portons le mort ! »— Vois ce cortège aux vêtements funèbres, Suivant le mort qui gît dans le cercueil. Entends, entends cette antienne de deuil, Que l'on murmure ainsi dans les ténèbres ! — « Mettez le mort en terre après minuit, Et que la cloche aux chants mêle son bruit ! Moi, je conduis ma jeune fiancée Vers l'endroit où sa couche est disposée.