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LÉNORE, À l'horizon, l'aube a rougi les cieux, Lénore après des rêves douloureux S'écrie en pleurs : — « Que l'attente est cruelle ! « Wilhelm !... est-tu mort.... ou bien infidèle ? » — De Frédéric il suivit les drapeaux, A la bataille au sein de la Bohème : Que devient-il?... Ah ! l'amante qui l'aime S'alarme en vain et gémit sans repos. Assez de sang ruissela sur la terre ! Les souverains, las enfin de la guerre, A leur armée ont signalé la paix. Se resserrant sur les rangs moins épais, Preux fantassins, fière cavalerie, Tous sont en marche.. . au front des bataillons Sonnent au loin timbales et clairons ; Joyeux ils vont saluer la patrie. De toutes parts audevant des guerriers, La foule accourt et couvre les sentiers : A leur rencontre elle avance et se presse.... Et les voilà !... quel accueil d'allégresse ! « C'est lui ! c'est lui ! » s'écriaient lour-à -tour Epouse, enfants, heureuse fiancée..... Lénore, hélas ! éperdue et glacée, N'espère plus le baiser du retour. Les rangs passaient et passaient devant elle : — « Wilhelm!.. Wilhelm!... c'est envain qu'elle appelle Ce nom à tous répété tant de fois.... Les rangs passaient tous muets à sa voix. Lénore a vu disparaître l'armée, Qu'elle suivit encore longtemps des yeux.... Et s'arrachant alors ses noirs cheveux, Dans la douleur elle tombe abîmée. Près d'elle accourt sa mère avec effroi : — « Enfant, que Dieu prenne pitié de toi ! « Ma pauvre enfant, quelle douleur t'oppresse? » —• Entre ses bras, tremblante, elle la presse. — « Ma mère, hélas!... c'en est fait... plus d'espoir ! Faire sitôt ses adieux à la vie !... Le ciel est sourd au malheur qui le prie.... Plus rien pour moi.... plus jamais le revoir !... » —-