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  les d'une administration, alors il faudrait anéantir la liberté
   de la presse, alors il faudrait dire que le journalisme, celui
  môme qui se vante d'être religieux, est constitué en état de
  permanente diffamation. Il a été dit que nous sommes venu
  trop tard, et qu'il fallait écrire ces pages quand l'adminis-
  tration diocésaine était encore debout? Pourquoi trop tard?
  Est-ce que les hommes meurent en un instant ? Ne se tradi-
 tionnent-ils pas avec leurs idées, avec leurs élèves, avec leurs
  adeptes, avec leur influence? Ne reste-il rien de nous après
  notre mort, et fait-on si vite table rase? Si nous eussions
  écrit notre premier chapitre deux ans plus tôt que nous ne
 l'avons écrit, n'eùt-on pas crié à l'insubordination et au scan-
  dale, puisqu'aujourd'hui l'on murmure, et que, par une de
 ces tristes contradictions de l'esprit humain, l'on a mis cà et
 là à parler de nous tant soit peu de celte amertume que l'on
 nous reproche?
     Au surplus, le droit qui nous a été contesté avec des airs
 superbes par certaines personnes, nous fait souvenir qu'on
 nous en a aussi contesté un autre, celui de traduire les Pères
 de l'Eglise. Nous parlons très sérieusement, car on a trouvé
 étrange qu'un jeune homme, un laïc se mêlât d'études reli-
 gieuses, et voulût faire passer dans sa langue les trésors d'une
littérature si grande, mais si peu connue. Voilà une échan-
 tillon de la puissante logique dont certaines gens font usage.
     Que s'il fallait répondre à cette étrange pensée, nous dirions
 que nous traduisons les Pères de l'Eglise, parce qu'il nous
plaît de le faire, parce que nous en avons le droit, parce que
les loisirs que nous a départis la Providence, les goûts stu-
dieux que nous a donnés la nature, sont en ceci passablement
bien employés, croyons-nous.
     On est allé plus loin encore, et cette fois l'on a demandé
de quel droit nous venions nous immiscer à des questions
ecclésiastiques? Nous sommes de l'église, nous sommes dans
l'Eglise et rien de ce qui la concerne ne peut nous rester
étranger. Est-ce donc la première fois qu'un laïc met les pieds
sur un domaine qui n'est pas purement le sien? D'autre part,
n'envahit-on pas assez souvent notre terrain à nous, hom-
mes du monde? Il aurait fallu, et qu'on nous pardonne ce
 rapprochement, il aurait donc fallu que l'on demandât aux
Apollonius, aux Talien, aux Justin de quoi il se mêlaient,
eux venus du paganisme, de vouloir aborder les questions re-
ligieuses, de disserter sur la foi et sur ce qui en dépend !