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 hommes influents, plutôt que des enfants, des femmes, des person-
  nages obscurs.
     Il n'y aurait pas moins d'invraisemblance à prendre cette expres-
  sion dans le sens le plus étendu que lui prêtent quelquefois les mo-
 dernes, pour exprimer de longues et atroces douleurs, lequel n'est
  qu'un abus mondain d'un terme essentiellement religieux. Je ne puis
 entendre ici que l'adolescent dont notre marbre recouvrit la dé-
  pouille mortelle, après avoir passé les cinq premières années de sa
 vie exempt de maux extraordinaires, et dans la paix d'une heureuse
 enfance, eût vu lui succéder, pendant sept ans, des souffrances cruel-
 les et constantes. One semblable interprétation me semble tout-à-
fait étrangère au langage connu de l'antiquité chrétienne, et, si je
 ne me trompe, on serait fort embarrassé pour lui emprunter des
 exemples analogues. Mais, pour l'admettre, il faudrait de plus déna-
 turer arbitrairement aussi la signification de la formule IN PACE,
 qui caractérise ici les premières années de cette jeune vie, et dont
 l'interprétation ne saurait être douteuse.
    En effet, cette expression, dont je n'ai point encore parlé n'est
pas nouvelle pour nous ; c'est une des formules que l'on observe le
plus communément sur les tombes chrétiennes. Elle leur est telle-
ment propre que ces deux mots sont regardés comme un indice de
 chrislianismenon moins certain que le monogramme du Christ, ou la
croix. On est même fondé à penser qu'elle n'indique communé-
ment que la profession de la foi chrétienne, et qu'elle équivaut, en
quelque sorte, au nom du Sauveur, que la discipline du secret ne
permettait pas d'inscrire sur les monuments, au temps des persé-
cutions (t). Dans tous les cas, elle ne saurait s'appliquera une paix
humaine, à l'exemption de souffrances, à des années heureuses se-
lon le monde, mais à cette paix de l'ame, qui vient du ciel, et dont le
fdsde Dieu disait : Pacem relinquo vobis, pacem meam do vobis (2);
lui qui avait dit ailleurs : Non veni pacem mittere, sed gladium (3),

   (1) Lupi, Disserl. ad Severœ mari, epilaph., p. 174.—Pelliccia, De Christ,
eccles. polilia ; tom. III, p. 277.
   (2) Joan., XIV, 27.
  (T>) ilatth., X. 34.