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9 à surmonter; solidité, élégance et richesse surprenante dans la construction, tout se trouva réuni pour en faire un chef- d'œuvre, et si je ne craignais d'être accusé de partialité en faveur de ma patrie, je lui donnerais le premier rang môme sur ceux de Rome où dans aucun des aqueducs de cette ville, les difficultés et les qualités ne se trouvent en général réunies à un si haut degré. Gloire donc à nos ancêtres qui nous ont laissé des marques aussi imposantes de leur génie ! Nos contemporains vaniteux de leurs décou- vertes et de notre civilisation, élèvent-ils beaucoup de mo- numents qui puissent être mis en parallèle avec ces aqueducs, soit pour l'utilité, soit pour la beauté de l'œuvre? un sys- tème d'économie outré et mesquin régit toutes nos créations, et nous laissons masquer ignominieusement par des baraques hautes de six à huit étages (1) les plus remarquables édifi- ces de cette ville; nos rues sont étroites et puantes, sans aucun rapport avec la hauteur des maisons et le nombre des habitants, et c'est à peine si quelquesfiletsde mauvaise eauper- mettent à deux cent mille personnes de s'y désaltérer. Cepen- dant, quelle est la ville où l'on trouverait plus de ressources, si l'esprit public yétait développé davantage? Loin de là , chacun renferme la gloire et le bonheur dans son coffre, et s'isole au milieu des jouissances matérielles et de l'indifférence la plus prononcée pour tout ce qui ne le touche pas person- nellement. Quelle différence avec les marchands de Venise, de Gènes, de Pise et de Florence! le commerce en fit de nobles et généreux seigneurs dont tout l'orgueil consistait à rehausser l'éclat de leur ville. ('1) À Lyon, la beaulé d'une maison, est en raison du grand nombre de croisées dont la façade est percée, et surtout de la quantité d'étages; per- sonne n'ignore qu'il existe des bâtiments qui ont jusqu'à neuf étages. Le goîit de l'architecture manque à la plus grande partie des habitants de cette ville.