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444 viendra tous les ans se charger des œuvres des artistes de pro- vince dont une exposition dans les principales villes de France offrira avec un résultat plus facile et plus prompt, tous les avan- tages des grandes expositions, puisque l'accès en sera ouvert à tous et qu'elle aura plus de'continuité. La province encouragera cette innovation qui ne peut manquer d'aider au mouvement progressif qui s'est manifesté dans nos villes même les plus boutiquières. Nous en citerons pour preuve l'empressement avec lequel l'exposition Giroux a été accueillie à St-Étienne, ville qu'on pourrait à bon droit supposer la moins portée à prendre part aux progrès des beaux-arts. Nous croyons pouvoir prédire de grands succès à l'entreprise de M. Alphonse Giroux, telle qu'il la conçoit pour l'avenir, et confiée à M. Léopold, dont l'excellent ton et l'esprit éminemment artiste lui font autant d'a- mis que de visiteurs On ne peut nier que la France ne soit encore le pays où l'on s'occupe le plus de peinture; et depuis que, débarrassé des lisières qui ^entravaient sa marche , l'art a pris une impulsion libre, nous voyons tous les jours éclore de jeunes talens qui promettent de prendre place parmi nos maîtres les plus distin- gués. L'imitation obligée du style, qui forçait autrefois un élève à une continuelle reproduction des mêmes formes, léchées ou fausses, étouffait souvent le germe d'un talent original; mais aujourd'hui les écoles s'en vont, l'individualité les remplace. De cette disposition , à ne pas servilement et pour toujours s'at- tacher à la robe d'un maître, il arrive que le génie se développe et s'ouvre une voie que lui aurait fermée une manière donnée. C'est à l'éloignement des écoles que nous devons la plupart des peintres remarquables de notre époque , sans parler de ceux qui n'ont pas encore pris leur place et dont les œuvres seraient encore un 'mystère pour nous, si l'exposition Giroux n'était venue nous révéler leur existence. De ce nombre sont MM. Yiard et Louis David. Un sentiment profond de la couleur, de l'ori- ginalité dans les lignes, décèlent chez M. Yiard une organisa- tion brillante à laquelle il ne faut qu'un peu de travail pour devenir un paysagiste distingué. Nous avons sous les yeux un petit dessin fait avec rien, une immense route bordée d'arbres,