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précédées de la maréchaussée et suivies dp plusieurs compagnies
des gardes bourgeoises, arrivent et sont reçues à coups de pavés;
mais elles s'élancent avec tant d'intrépidité qu'elles parviennent
enfin à jeter l'épouvante parmi la populace et à la forcer à la re-
traite.
    Près de trois cents individus furent tués, et il y en eut un
plus grand nombre de blessés ou d'estropiés. — Quelques-uns
furent arrêtés et livrés aux tribunaux. Il fallait un exemple : deux
crocheteurs qui s'étaient le plus distingués dans l'émeute, furent
condamnés à être pendus. Les malheureux étaient pourtant cent
fois moins coupables que ceux qui avaient excité la fermentation
du peuple, et comme l'a dit Prost de Royer, s'ils s'étaient dis-
tingués, ce n'est que parce que le peuple dont ils faisaient partie
 avait perdu la tête (1).
    Le lendemain de cette horrible scène , le plus grand calme
régnait dans toute la ville, mais on ne rencontrait pas un seul
médecin, pas un seul chirurgien ; tous avaient fui ou se tenaient
cachés. Le consulat se hâta de faire murer la porte extérieure du
 collège de médecine, et fit afficher un jugement de la sénéchaussée
par lequel il était enjoint à tous les citoyens qui auraient perdu
quelque enfant à eux appartenant ou confié à leurs soins, d'en
 faire la déclaration au greffe du tribunal. Cette injonction ne fut
 suivie, comme on devait s'y attendre, d'aucune déclaration, et
on eut la preuve qu'il ne manquait aucun enfant dans la ville ni
 dans la banlieue.
    Le clergé ne resta pas étranger aux mesures que prirent les
 autorités civiles et militaires pour éviter le retour de pareilles scè-
  nes. L'archevêque, M. de Montazet, ayant convoqué les curés du
 diocèse pour les inviter à combattre dans leurs prônes les préjugés
 qui avaient occasionné l'émeute, tous ces vénérables pasteurs en-
 trèrent avec zèle dans les vues de l'illustre prélat, et l'un d'eux ,
 M. de Géry, chanoine régulier de Ste-Geneviève, prononça le
 dimanche suivant un discours fort pathétique qui fut imprimé à
 grand nombre d'exemplaires et distribué au peuple ; feu M. Be-
  renger, de l'académie de Lyon, eu donna une nouvelle édition
  en 1817. Notre cité venait d'être le théâtre d'un événement à ja-
  mais déplorable, mais d'une nature bien différente de celai dont
  nous venons de faire la relation. L'estimable académicien dit avec

   ( i ) Une émeute du même genre s'est manifestée à Londres, le 25 janvier i835,
 et a eu pour résultat la destruction totale de l'école de médecine. Voyes le JOUR-
 NAT. DES DÉBATS du 3 i janvier , et le CoKRRIEB DE LYON du t fevriet.