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chélif manuscrit du Satyricon. Cette découverte n'était pas réser-
vée à Henri Meibom (1).
  Plus heureux que lui, l'historien Jean Litchis de Traù, en
Dalmatie, qui faisait "vers la même époque de savantes recher-

   (1) Cette singulière mystification a fourni au spirituel Andrieux le sujet d'un
conte fort plaisant et peu connu ; je crois, en le rapportant, faire plaisir au lec-
teur , parce qu'il ne se trouve pas dans l'édition de ses œuvres, et que bien peu
de personnes iraient le déterrer dans le volumineux recueil de la décade philo-
sophique d'où je l'extrais ;
                                  L'ÉQUIVOQUE.
               Meibomius était un savant homme ,
               Nourri d'hébreu , de latin et de grec.
               Vers mil sept cent il vivait à Lubeck.
               Un voyageur qui revenait de Rome
               Se présenta chez l'illustre érudit,
               Et lui laissa son album manuscrit.
               Meibomius, ayant pris ses lunettes,
               Y lut, relut ces paroles bien nettes ,
               Petronius extat Bononiœ,
               Hic inleger servatur hodiè,
               Quem vidisse testor. — Quelle aventure !
               « Quel reconfort pour la littérature !
               « Pétrone entier!... à Bologne!... ô destin !
               « A commenter quelle riche matière !
               « Eh ! quel plaisir de le mettre en lumière ,
               « De l'illustrer de notes en latin !
                « Partons; partons ! — Il se met en campagne ,
               En peu de jours traverse l'Allemagne
               Du nord au sud, puis dans l'état romain ,
               Arrive , et va, son album à la main,
               Dont il avait exprès marqué la page,
                Chez un certain Bolonais, son ami,
                Un médecin, le docteur Capponi ;
               Il lui fait voir l'intéressant passage :
                « Vous comprenez pourquoi je viens ici ;
                « Un pareil fait vaut bien d'être éclairci ;
                « Je n'ai voulu m'en fier à personne.
                « Mon cher docteur , est-il vrai qu'en effet
                 « Vous possédiez à Bologne un Pétrone?